Alceste au pied léger


Il en a fait couler de l'encre, cet Alceste ! Surtout de l'encre noire à en juger par les articles que j'ai piochés à droite et à gauche. Ils ont presque tous un point commun, mis à part le ton négatif, j'entends : l'ennemi Luchini. 

Et si la misanthropie attirait...la misanthropie ? Serait-ce là la malédiction de ce film ?

Il se trouve que son jeu et sa verve débordants, au lieu de m'ennuyer ou de m'épuiser, m'enchantent et je les retrouve donc à chaque fois avec grand plaisir ; pour moi, c'est un peu le Roberto Benigni version française. De là vient peut-être mon amusement à regarder Alceste à Bicyclette, c'est du moins ce que je pourrais en déduire... 

En y regardant de plus près, et sans grands efforts, c'est en fait tout un ensemble joyeusement imbriqué qui m'a plu dans ce film : le couple Luchini-Wilson (ah, un autre mes acteurs préférés !) se chamaille et c'est parfait tellement ils passent d'une humeur à l'autre et incarnent ces vieux couples qui se retrouvent, s'éloignent avec aisance... 

Le personnage de l'ancien acteur moralisateur, Serge Tanneur (Luchini, qui d'autre ?), qui tourne le dos à une profession qui l'aurait trahi est parfaitement odieux et tout aussi vindicatif que ses ennemis jurés. La comédie tourne autour du possible retour de cet incorrigible grincheux sur les planches, sous la direction de son vieil ami, Gauthier Valence (il est beau ou il est n'est pas beau ce nom ?) campé par Lambert Wilson - le charmeur, le célèbre, le médiatique qui déchaîne les foules, notamment grâce à l'un de ces feuilletons télévisés en milieu hospitalier qui sévissent (hélas) sur nos écrans. Gauthier se doute bien du talent qui sommeille en son ami... Mais il va aussi être confronté à ses humeurs de parfait misanthrope... Alceste n'est jamais bien loin et les scènes où les compères répètent la pièce sont un pur délice ; finalement, ils excellent dans l'art de la récitation et c'est peut-être bien pour cela que les critiques ont été si sévères à l'égard de leur interprétation.

La toile de fond est donnée par l'Ile de Ré, le parfait huis clos où le grand air est plus respirable une fois enfourché son vélo, symbole d'espace de liberté où les alexandrins résonnent avec davantage de fraîcheur et où notre vieil acariâtre semble se découvrir de nouveaux espoirs, enfin inspiré au-delà de la forteresse qu'il s'est construite dans la maison délabrée qu'il habite. 

En toute simplicité, j'ai passé un bon moment en compagnie de ce duo et si Alceste pédale, il le fait le pied léger !

Photo : Via





0 commentaires:

Post a Comment

Let me hear about your daydreams!

 

What's in the archive?