Sur les traces du lièvre

Sur l'autoroute goudronnée, nous aimons trouver un lièvre à suivre : une voiture qui roule juste un peu plus vite que nous et qui nous ouvre la voie et dicte en quelque sorte le comportement à suivre ; une voiture qui nous encourage à poursuivre notre chemin allègrement et sans esprit de compétition car le lièvre nous est utile...devant. A nous de jouer les tortues lentes.

C'est un tout autre lièvre qui est entré dans notre vie pendant la nuit : à notre insu, cet habile habitant des lieux est arrivé en sautillant avec mille précautions sur le petit balcon qui donne sur la vallée. Il s'est arrêté entre deux sauts pour humer l'air, étudier cet environnement humain dont il peut peut-être tirer quelque miettes, minces restes de festivités et ripailles. A chaque pas, des traces claires et facilement identifiables ont laissé d'attendrissantes preuves de son passage furtif. Il a continué sa route en sautant du balcon en contrebas où le sillon de son corps était encore visible au matin.

J'aime imaginer que le sentier emprunté pour la promenade du jour était celui qu'il avait emprunté pendant le nuit ; j'ai cherché sa trace le long de la piste blanche et entre les troncs enneigés des splendides sapins qui me regardaient amusés du haut de leur 15 mètres. L'air pétillant et le crissement de la neige fraîche sous mes pas m'encourageaient à persévérer ; peut-être a-t-il courageusement rejoint les quelques huttes et refuges tout en haut de la piste ?

Au rythme lent mais régulier de mes pas, entourée de ces bulles de respiration flottant devant moi à chaque expiration, j'ai continué dans l'espoir fou de retrouver les petites empreintes d'un ami inconnu et pourtant déjà familier dans mon imagination.



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