L'air pétille, les pieds frétillent et la tête fourmille d'idées que je vais essayer de concrétiser en m'accordant une de ces pauses urbaines de fin de semaine on ne peut plus parisiennes. Certes, il va falloir courir d'un métro à l'autre ; certes, les rues seront bondées de badauds qui, comme moi, se déversent dans la capitale pour en humer les curiosités et multiples vitrines tout en goûtant à cet air estival qui rend toute chose plus savoureuse et légère. Qu'à ce la ne tienne, le sourire aux lèvres et le soleil haut perché dans le ciel seront mes étoiles filantes du jour, au diable les désagréments.
Etrangement, le ballet des passants et bien moins frénétique que prévu : la bonne vieille tradition du week-end campagnard ou normand semble avoir pris le dessus. Du même coup, cela me laisse tout le loisir d'avancer à pas lents, calculés et le nez au vent, sans me soucier des mes voisins de trottoir, souvent bien plus pressés que moi. Là je m'arrête, admire telle broderie sur fond de lin blanc, là je m'insurge contre un prix et dans la boutique suivante je salive sans goûter les milles saveurs italiennes étalées sans pudeur à la gourmandise. C'est non loin d'ici que mes pas me conduiront à une découverte surprenante et délicate d'un monde éphémère de papier tout empreint de douceur enfantine : cartes postales et billets en tout genre sortent de l'imprimé vulgaire et en série de nos supermarchés quotidiens. Petits bijoux de papeterie côtoient petits objets futiles, mais ma main trouve la carte de vœux du jour : ce sera une douce aquarelle à poster le lendemain... Tandis que je sors de la boutique, des cris enthousiasmés entrent par la grande porte : la tête de rhinocéros gonflable serait parfaite sur la cheminée des prochains clients, paraît-il ! L'imagination s'envole aussitôt vers cet intérieur que j'imagine on ne peut plus ludique et décalé...
Les animaux semblent dès lors guider mes pas vers l'un de ces antres historiques dont j'ai déjà parlé ici : Deyrolle. Herbiers et tables d'entomologie exercent une attraction fatale sur moi... Les animaux empaillés, entre science et danse macabre, suscitent toujours des sentiments mêlés, vite dissipés par les pages colorées de tant de livres, par les mille plis des frêles argonautes et les reflets des nautiles, tandis qu'une nuée d'insectes me saute aux yeux lorsqu'une main ouvre l'un des nombreux tiroirs aux trésor. Monde étrange et fascinant qui ne cessera de m'intriguer... J'en ressors avec une innofensive boîte toute blanche qui hébergera mes prochains origamis.
L'étoile de mer lumineuse, espèce décorative habilement inventée de toutes pièces, me fait passer le seuil d'une caverne d'Ali Baba d'un autre genre, "Dîners en Ville" (point de site Internet disponible, c'est un signe de l'appartenance de cette boutique à un autre temps, non ?) : ici coquillages (oui, c'est une passion) nacrés côtoient collections de couteaux à beurre anciens sur fond de nappes aux riches textures et entrelacs baroques. C'est un écrin précieux qui recèle l'applique qui viendra illuminer de sa blanche texture de dentelle la future chambre de bébé... De porcelaine délicate, elle semble aussi symboliser un monde marin friable, poétique et magique - de quoi rêver les yeux ouverts, de jours comme de nuit.
Photos :
1- Source inconnue
2- The Daydreamer via LoLob
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