La Russie chrétienne a ouvert ses portes à Paris pour nous laisser entrevoir une fois de plus les mille liens entre les pays, au-delà des frontières et des croyances. L'exposition Sainte Russie tisse une fine mais solide toile entre les pays chrétiens et leurs voisins et révèle comment ces relations ont en fait contribué à l'avènement des pouvoirs, leurs chutes et leurs métamorphoses siècle après siècle. Le point commun reste la richesse de la production de l'art et, ici, de l'art chrétien qui d'un monarque à l'autre, d'une guerre à l'autre, a su puiser de nouvelles racines, se transformer et renaître à chaque fois plus riche et porteur d'un savoir-faire hors du commun. La leçon à retenir ici sera que les rivalités, guerres et paix ( ! ) entre Latins, Vikings et Byzantins on été au bout du compte un moteur insoupçonné de la vie artistique religieuse de la Russie.
Justement, des portes elle en ouvre, cette exposition, plus d'une certainement, à commencer par celle de la présence sur la liste des mécènes de Gazprom... Drôle de mécène, vous ne trouvez pas ? Les dessous de l'histoire, de la politique et de l'économie s'affichent discrètement à l'entrée et vous plongent soudainement à la une des journaux et des JT...
Passé ce premier choc d'une réalité troublante, l'exposition en révèle bien d'autres, nettement plus agréables : parures, calices, icônes, toutes les pièces possibles sont ici représentées au fil d'un parcours riche et complexe. L'expérience est totale, l'immersion aussi pour le bonheur des visiteurs très nombreux. La porte - au sens propre cette fois-ci - à retenir pour sa splendeur est celle de la cathédrale de la Nativité de la Vierge (Souzdal) : énorme et lourde, elle est aussi délicate et raffinée. Ses panneaux sont riches de figures qui semblent se suivre à l'instar d'un court-métrage à la gloire des artistes et artisans Rous' de l'époque prémongole. Ajoutez à cela que chaque scène se double d'une inscription et vous aurez la mesure de l'œuvre !
Au fil de l'exposition, les profils apparaissent, s'affinent jusqu'à rappeler Giotto et ses vierges à l'enfant... Un parcours extraordinaire, riche de chacune de ses influences et pour cela inestimable ! Deux petits regrets néanmoins : l'exposition est peut-être même trop riche et dense (plus de trois heures de piétinement) et la regrettée disparition du Petit Journal du Louvre, dommage...
J'ai beaucoup aimé cette expo. Pour revenir à Gazprom, j'ai assisté à une conférence passionnante à Londres sur l'histoire de la Russie depuis Eltsine et la montée des oligarques. Le rôle passé et actuel de Poutine et le sort de Khodorkovsky, ancien oligarque. La conférence était liée à la publication du livre de Martin Sixsmith qui a connu Elstine et maîtrise parfaitement l'histoire de la Russie. Un homme passionnant également. Son livre : Putin's oil wars. Bises. M
ReplyDeleteVoilà, c'est exactement la face cachée à laquelle je fais allusion en passant. Franchement, ça m'a choquée de voir Gazprom ainsi mentionné...
ReplyDeleteComme je connais très bien l'histoire de la Russie et j'ai des amies russes, je ne suis malheureusement pas surprise mais c'est effectivement révélateur. M.
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