Le Grand canal, Venise (William Turner)
Il y a des expositions que l'on se doit de voir quand petite on a admiré la couverture d'un catalogue d'exposition posé sur une table basse : la couverture était un soleil couchant ou levant, une promesse de douces couleurs aux contours insaisissables et hypnotiques ; à l'intérieur de cet écrin, les vues de Venise enchanteresses invitaient à la découverte paisible de nouveaux horizons et nouvelles richesses.
Bref, l'exposition "Turner et ses peintres" actuellement mise en scène au Grand Palais était une évidence, aussi lumineuse que les tableaux de Turner admirés dans mon enfance. Avouez que les premières impressions étaient prometteuses !
C'est donc d'un pied léger et la curiosité en bandoulière que j'ai franchi la porte de l'exposition : le parti pris est de montrer quels ont été les maîtres inspirateurs du génie de Turner, les influences qui ont façonné son monde créatif et ses choix. Merveille des merveilles, d'une salle à l'autre on découvre des peintures qui se font écho et créent une belle vue d'ensemble, une toile de résonances. Cela dit, la comparaison s'est souvent révélée défavorable à Turner, d'où une certaine surprise de ma part lors de la découverte de sa démarche artistique : reprendre les tableaux des peintres à l'origine de son intérêt ou de son admiration pour s'en inspirer et les reproduire à sa façon, jusqu'à atteindre, intégrer, digérer en quelque sorte l'essence même de l'art des maîtres. Et là, tout le monde y passe, de Rembrandt à l'art romain en passant par le Titien... Avec peu de bonheur, hélas, pour l'élève dont la lutte et l'incapacité à effleur le talent de ses "amis" semble s'afficher dans l'aspect pâteux de certaines toiles, les traits forcés, les sujets caricaturaux, les couleurs criardes... Bonjour déception.
Le summum a été atteint dans la salle dédiée au sublime, concept mis en opposition à l'harmonie de la beauté selon les canons classiques ; les peintures d'avalanche ou d'anges debout dans le soleil s'éloignaient avec une efficacité redoutable de ce qui à mes yeux pouvait être le sublime ! Si la découverte de la méthode d'étude de l'inspiration par Turner a été un véritable plaisir inattendu, le résultat - ses toiles - a été une chute abrupte, loin de sa lumière si caractéristique, des ses paysages inachevés illuminés de l'intérieur et si propices à une rêverie pour le coup véritablement sublime.
J'ai tenté vendredi, moi aussi, mais j'ai été découragée par la queue... J'y retournerai avec une pré-réservation !
ReplyDeleteC'est ma maman qui s'était chargé de la résa, et heureusement. Cela dit, ce fut un grand moment "Chukies" et j'ai risqué de me faire éjecter de la salle sur le "sublime" ;-)
ReplyDeleteOMG !!! Des Chukies ???? Je m'empresse de réserver...
ReplyDelete(-: