Qui n'a pas versé de chaudes larmes devant l'énième épisode de Heidi dans sa tendre enfance ? Qui ? (Et là, on élimine d'office toute la tranche masculine de notre réalité.)
Il ne lui arrivait que des malheurs à cette petite et mon cœur se serrait à chaque fois qu'elle était cruellement arrachée à ses chères cimes enneigées et à son grand-père. Que de cruauté. Franchement. Quand elle évoluait dans le grand appartement citadin je n'avais en tête qu'une seule chose : sa maison, là haut dans les montagnes, ce chalet frugal et si accueillant et la vraie vie au grand air.
J'ai pensé à notre idole d'enfance en franchissant la porte de Nevaï, restaurant lové dans une rue de Verbier. L'excitation d'une belle soirée entre amis en pleine période de fêtes de fin d'année m'a permis de franchir le seuil façon sauna finlandais sans sourciller. Ce n'est qu'après quelques instants que j'ai cru avoir été télétransportée (ça, c'est une invention utile) en pleine ville - Paris, Amsterdam ou New York, au choix - dans un quartier branché.
Ce n'est pas compliqué : lorsque je suis à la montagne, je m'attends à manger la montagne, pour ainsi dire... Heidi, quand elle rentrait chez elle tout là haut, c'était pour caresser ses chèvres, pas pour voir défiler les immeubles et s'asseoir sur des canapés en velours. Bref, Nevaï est magnifique : derrière la porte en bois de l'entrée se cache une cheminée toute en longueur, d'une modernité à la sobriété sans faille, le mobilier transpire le design dernier crier, les tables sont élégantes, étincelantes et de blanc vêtues (tiens, un lointain lien avec la neige...?). C'est impeccable. Stylé. Urbain jusqu'à la pointe de votre couteau à la courbe sophistiquée.
Seulement voilà : ce restaurant n'est pas à sa place. Il a lui aussi dû être télétransporté et le plan de vol à travers la galaxie a dû faire les frais d'une erreur d'aiguillage. Très loin de la montagne tout ça, carte comprise (attention, c'est absolument délicieux, ils savent cuire leurs cailles !). Le choc est assuré pour tous ceux qui, comme moi, voyagent pour le dépaysement et vont à la montagne pour y goûter ce qu'elle a de mieux à offrir et, si possible encore en ce bas monde, un brin d'authenticité là où il faut.
Cette expérience aura eu le mérite de me faire repenser à cette chère Heidi, petite compagne des après-midi télé d'un autre temps, quasiment, et à la nécessité suprême d'inventer un télétransporteur nouvelle génération.
Photos : TheDaydreamer
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