Au petit matin


Il ne se passe pas grand-chose au petit matin, surtout un petit samedi matin, et c'est ce qui fait tous son charme. Un début différent, sans les bruits habituels et les rituels rassurants et éreintants à la fois. C'est un matin de compromis : je me lève tôt, encore plus tôt qu'en semaine, mais je peux prendre tout mon temps quand même. Pourquoi se lever tôt alors, me direz-vous ? Nécessités de notre nouvelle vie urbaine... Et juste une exception ! Il ne faudrait pas non plus que cela devienne une habitude, vous pensez bien. Mais les exceptions, ça a du bon, ça secoue et ça réveille du bon pied pour peu qu'on les accepte pour ce qu'elles sont.

Le compromis ne m'a pas désarçonnée, plutôt intriguée. Le nez collé à la vitre, je scrute la douce lumière et joue les devins : fera beau, fera pas beau ? Le ciel me répond en envoyant tel un messager privilégié quelques rayons d'abord rosés, puis progressivement orangés. Le spectacle s'accompagne du silence, si volatile. La scène s'illumine peu à peu, les contours des arbres du jardin et des gratte-ciels au loin se définissent avec une netteté grandissante. Encore un compromis qui se profile à l'horizon : ni ville, ni nature. La vue est un mélange des deux mondes. Nous savons déjà lequel des deux l'emportera sur l'autre, n'est-ce pas ? En fait, la bataille de dame Nature est déjà perdue et la chlorophylle s'épanouit en cet instant sous mes yeux dans les limites où on l'a confinée, une sorte de réserve indienne des temps modernes.

Moment du petit matin un jour de repos.


Photos: TheDaydreamer


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