Dans la salle obscure, il fait lourd : "Le Passé" est un film dense, tout en noirceur où l'air se raréfie progressivement jusqu'à l'étouffement qui précède l'explosion.
Ce cadre dramatique est bien servi par la maison encombrée d'objets en tout genre, croulant sous les meubles et en cours de réfection (on aime à imaginer, perpétuelle) - allusion à l'avenir en chantier sur les ruines du précédent domicile.
L'explosion, elle, n'est jamais complètement libératrice : une part d'ombre subsiste après chaque tentative d'expectoration des doutes et douleurs des uns et des autres, chacun garde sa part de secret, de non-dits. Le passé pétrit les personnages du film, à commencer par Marie qui essaye de s'en défaire...ou pas : elle a reconstruit sa vie avec un nouvel homme, un enfant en plus, mais elle semble vouloir encore sauver des bribes de son précédent mariage avec un mari iranien qui revient en France pour finaliser le divorce, tout de même...
Ce même mari arrive donc dans une famille recomposée à la mécanique grippée : enfants ballottés d'un domicile à l'autre, mère suicidaire entre la vie et la mort sur un lit d'hôpital, père qui débarque à l'improviste ; il va se retrouver investi du rôle de médiateur, ce père de passage en France, tout en catalysant les impasses d'antan et du présent. Les personnages se démènent dans les méandres de la non-communication, sans jamais pour autant aboutir à une véritable catharsis.
Un pas en avant, trois en arrière.
Tout reste en suspens...
Les acteurs sont habités par leurs rôles respectifs, grands et petits sont tous à la hauteur de cette introspection. Le spectateur, lui, sort perplexe, assommé par tant d'humanité souffrante et accablée et par une nuée de questions qui resteront sans réponses, prisonnières du va-et-vient entre le passé et l'avenir, tel des essuie-glace oscillant péniblement de gauche à droite, de gauche à droite... Inlassablement.
Photo : Via
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