Pour une première, c’était une belle première : j’ai pu accompagner la classe de maternelle de ma fille pendant la sortie culturelle organisée par sa maîtresse ! C’est tellement rare et d’autant plus précieux que je n’en ai pas dormi la veille. Je sais, j’aurais mieux fait de dormir, je sais…
Au programme, un projet Ecole et Cinéma et notamment le premier volet de celui-ci qui allait nous emmener dans la salle obscure d’un intéressant cinéma bordelais, l’Utopia Situé en plein cœur de la ville, cet endroit qui remonterait au 15e siècle m'est d’abord apparu comme un bar au style décalé avec ses vitraux et sa bâtisse rappelant vaguement une église. Il s’agit aussi d’un cinéma avec un adorable jardin caché en son centre. C’est l'un de ces bâtiments qui ont traversé les siècles et revêtu différentes fonctions ; église, salpêtrière, usine, garage… ce brassage de sacré et païen me fascine, cette façon de communiquer tant de messages différents mais d'être toujours une passerelle des savoirs et interprétations, un miroir de son temps, me rappelle tellement les Pays-Bas et leur propension à donner une deuxième chance à des lieux comme les églises (Nieuwe Kerk, par exemple, haut lieu d’expositions photographiques) ou les entrepôts de l’ancien port. Il s’agit pour moi de l’expression d’une grande flexibilité et capacité d’adaptation tout en préservant la culture reçue en héritage.
Revenons à nos bambins, car je m’égare. Le projet cinématographique en cours comporte trois séances de cinéma et la première a été pour moi une délicate découverte : “Goshu le violoncelliste” (1981) est un film d’animation en couleurs de Takahata Isao réalisateur japonais.
Sur fond d’aquarelles délicates où la nature joue un rôle plus que prépondérant et n'a de cesse d'évoluer à l'image de l'eau omniprésente, le film retrace le parcours d’un adulte, le violoncelliste Goshu, sûr de lui et peu enclin à accepter la critique ou les conseils des autres. Il fait partie de l’orchestre qui accompagne la projection de films dans le Japon d’avant-guerre. Un grand concert attend l’orchestre et Goshu se fait reprendre sévèrement par le directeur d’orchestre qui estime que son interprétation manque de vérité, de sentiments et d'expression et qu’il ne sera pas prêt pour le grand jour.
De retour chez lui, notre violoncelliste sera successivement interrompu lors de ses répétitions nocturnes pas d’étranges rencontres qui ouvrent la porte à la magie : des animaux, un chat, un coucou etc. viennent lui rendre visite de façon inopportune et lui demander de jouer ou de les faire jouer. Chacun d’eux semble avoir besoin de son aide, chacun à sa façon. Progressivement, Goshu apprend à jouer autrement, à se libérer, à s’exprimer tel qu’il est. Chaque animal lui permet d’ajouter une nouvelle dimension à son apprentissage musical et à sa personnalité. Grâce aux visites aussi inattendues que surprenantes de ces animaux, un véritable échange s’instaure avec Goshu, parallèlement à un voyage d’introspection et initiatique pour le musicien. A la clé, la patience, la persévérance, l’écoute et la découverte de soi et des autres.
Je ne vous en dis pas plus concernant l’histoire.
Les couleurs sont douces, les traits vivaces et nets et les animations tellement typiques des dessins animés des années 1980. On peut discuter les bouches de travers, les yeux aux traits simplifiés et les expressions déformées (héritage des masques du kabuki ?), mais la variation des points de vue, la dimension magique et le souci du détail naturel ainsi qu’un accompagnement musical omniprésent dépeignent un environnent holistique qui nous accueille, entraîne et fascine.
Ce film peut être vu et revus à tous les âges ; à chaque fois, nous y découvrirons, j’en suis certaine, un nouveau détail, une nouvelle facette, pour une aventure et un apprentissage à chaque fois différent et enrichissant.
Image : DVD
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