La légère table en métal et la théière bleues installées au bord de la route, un tantinet bancales, fragiles symboles du temps, les ai-je rêvées ? Alice au Pays des Merveilles se serait-elle emparée de moi alors que nous filons à travers les routes sinueuses et verdoyantes qui mènent à la pleine déserte et impitoyablement ensoleillée de la Mer de Sable ?
Table et théière sont toutes deux à l'abri de ce soleil qui tape peut-être un peu trop fort tout à coup ; un parasol complète ce tableau suprenant et désuet qui annonce l'entrée grande ouverte du Jardin français. Mais, de quoi s'agit-il ? Difficile à comprendre de prime abord, surtout lorsque la voiture file vers son but sans égard pour les merveilles bien gardées.
Indulgente, voici qu'elle fait demi-tour et je quitte son habitacle métallique pour faire quelques pas et passer la tête dans la cour. Un univers elfique me happe. Une magie romantique m'aspire au 18e siècle en ce lieu de nature et d'humanisme où la faune et la flore chantent à l'unison dans un désordre subtilement orchestré. Ce jardin n'a rien d'un jardin à la française et me rappelle sans hésitation le charmant chaos des jardins à l'anglaise.
L'air est riche et léger, porteur de pollen aérien qui voile la vision ; l'eau est immobile et le chat vient se frotter à mes jambes. D'autres tables en fer nous attendent pour un repas sur le pouce tout droit sorti du potager biologique. Quelques cailloux se coincent dans mes sandales de cuir tressé, un papillon se pose et nous observe avant de s'envoler vers les plantes de la pépinière.
Le goût des asperges à l'huile de noisette et au sésame colle à mes papilles gourmandes, tandis que la bourrache s'épanouit dans l'assiette. Ces fleurs se posent de plus en plus sur nos recettes à l'image des pensées et capucines croisées notamment lors d'un mémorable dîner d'anniversaire découverte à l'Astrance... Le crumble à la rhubarbe infuse quelques touches acidulées à cette harmonie vivace qui jadis accueillit Jean-Jacques Rousseau, maître des lieux et bien heureux sans doute du résultat actuel, fruit de la passion de la fée du jardin.
Le goût des asperges à l'huile de noisette et au sésame colle à mes papilles gourmandes, tandis que la bourrache s'épanouit dans l'assiette. Ces fleurs se posent de plus en plus sur nos recettes à l'image des pensées et capucines croisées notamment lors d'un mémorable dîner d'anniversaire découverte à l'Astrance... Le crumble à la rhubarbe infuse quelques touches acidulées à cette harmonie vivace qui jadis accueillit Jean-Jacques Rousseau, maître des lieux et bien heureux sans doute du résultat actuel, fruit de la passion de la fée du jardin.
L'équilibre et l'harmonie s'expriment librement dans le chant des oiseaux, dans l'envol puissant du héron qui stagnait dans l'étang, dans les massifs et la pépinière explosifs de couleurs et textures. Du jardin horticole à la table et aux chambres d'hôtes en passant par le salon de thé, l'esprit des lieux -Lewis Caroll, peut-être ? - vous guide à chaque détour.
Ne soyez pas timides : donnez-lui la main, faites-lui confiance ; il vous le rendra bien.
Photos : TheDaydreamerDiary
Photos : TheDaydreamerDiary