Le jardin du silence {Page-Turner}

Jardin zen


Dans le monde des livres d’un genre nouveau que j’appréhende peu à peu, une jeune pousse a percé la terre, est arrivée jusqu’à moi : délicate, sensible et fragile, elle s’est posée sur ma table de nuit, à la lumière de ma liseuse. 

Sa découverte a été un écrin de bonheur, cet hiver : alors que je me posais chez Les Petits Mots Bleus pour apprécier un chocolat chaud, les murs m’appellent soudain. Quelques étagères bien disposées mettent en valeur des ouvrages, les uns derrière les autres, de tous styles, de toutes les couleurs : je tends la main, en saisis un, puis un autre et puis… Tout ce qui compte en cet Instant - Journal de mon Jardin zen par Joshin Luce Bachoux.

Ne s’agissant pas là d’une bibliothèque, je comprends bien que si le personnel du salon de thé me laisse aimablement le feuilleter, je ne peux l’emprunter. Soit, je l’achète, intriguée par l’auteure, la couverture, le titre… Tout cet univers qui semble m’appeler, m’attirer et m’inciter à dépasser la lisière de la forêt pour en explorer le cœur.

L’auteure est une nonne bouddhiste qui anime “La Demeure Sans Limites”, un lieu de retraite et repos, réflexion et introspection, un temple zen dans la nature. Déjà, son profil me surprend : je n’ai jamais lu les mots d’une nonne bouddhiste. Qu’a-t-elle à me révéler ? Ou à cacher peut-être ? Quelle est cette demeure où j’ai soudain envie d’ouvrir toutes les fenêtres et portes pour m’y installer et respirer un air plus doux, plus cristallin, plus vrai ? 

A l’heure où j’ai besoin de calme, réflexion et écoute plus que jamais, ne venez pas me parler de hasard ou de destin dans le choix de cet ouvrage, au milieu de tant d’autres, pour petits et grands, que j’ai regardés, lus en travers, caressés, contemplés un instant, puis reposés dans ce salon de thé, un jour en ville. 

Ce journal, m’a semblé incontournable, amical, chaleureux et intimiste ; ne racontons-nous pas tout à notre journal ? Presque tout et c’est déjà une preuve bien assez forte d’altruisme et de confiance en soi et en ses lecteurs.



Ce jardin zen me fait de l’œil. Je ne saurais véritablement vous dire pourquoi étant donné que nous sommes célèbres dans la famille pour avoir fait sécher sur pied un cactus. A moins que ce ne soit justement pour cette raison qu’il m’appelle à lui ! Il a le sens de l’humour, ce journal…

Le jardin dans son sens plus large, celui visible par-delà la fenêtre, au-delà de la clôture et dans notre for intérieur. Il faut le soigner, le bichonner même en lui apportant les bons nutriments pour le faire pousser et grandir. Ça me parle tout ça et au diable le cactus du passé.

L’envie me prends donc de partager avec vous quelques phrases, perles de rosée matinale, feuilles séchées qui craquent sous les pieds… De vous inviter à voir ce jardin évoluer au rythme des saisons, d’envisager votre propre retraite spirituelle où bon vous semble ; un moment de pause, d’émerveillement.

Nous participons du renouveau de la nature et le silence qui peu à peu s’est infiltré dans nos gestes, nos paroles et notre esprit, signifie peut-être qu’il est un temps pour recevoir et absorber avant de reprendre l’activité coutumière.”   p. 115


Qu’y a-t-il à écouter ? Le silence, le merveilleux silence de la montagne.
p. 146


Ce moment éphémère comme la rosée du matin de printemps, comme un sourire, disparaîtra ; pourtant chacune de ces rencontres, aussi brève soit-elle, tisse le lien entre nous et les autres, indispensable à notre équilibre et à notre bonheur.” p. 163


Retour à la Demeure, retour à la ferme grise et blanche du plateau ardéchois après quelques semaines entre Marseille et Paris. Le premier plaisir du retour (…) est d’écouter le silence, silence d’hiver entrecoupé de bourrasques de vent qui font filer les nuages.” p. 169

Devant ce paysage, il me vient à l’esprit un terme du vocabulaire bouddhique, mette : cela signifie l’affection, la bienveillance, l’amitié protectrice. Je comprends ce mot, en fait, surtout à travers le geste : consoler un enfant, donner un verre d’eau à un assoiffé, tenir la main d’une personne qui va mourir.”  p. 209


Car le  vrai silence n’est pas la non-parole - mail il dépend de l’intérieur : lorsque nos pensées cessent de s’agiter en tous sens, lorsque nous sommes attentifs à nos gestes et à tout ce qui nous entoure, notre esprit s’ouvre à tous les petits bruits du monde qui nous échappent le reste du temps. Le silence nous accompagne, nous porte, il est le repos de l’âme et du corps.”  p. 227


Au travers de ces 6 citations choisies, je souhaite vous faire voyager un peu, beaucoup, passionnément en vous-mêmes. Je n’ai pas perdu le nord, non ; je l’ai juste retrouvé, dirons-nous, recentré même. Il ne s’agit pas d’égoïsme, comme on a pu me le dire sans ambages ; il s’agit justement de s’ouvrir aux autres en empruntant de nouveaux chemins et la lecture, une fois encore, est venue à ma rescousse grâce à ce petit recueil qui me fait penser au Grand Orchestre des Animaux et  tant d’autres découvertes liées au monde qui nous entoure, à son silence retentissant et surtout son enrichissant dialogue accessible à ceux qui savent… se taire, un instant.





Photo : Adobe Spark (modifiée par TheDaydreamer)







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