C'est un hasard tout twitterien qui m'a fait tomber sur le podcast Remède à la Mélancolie mené avec magie et brio par la pétillante Eva Bester qui invite dans son émission sur France Inter des personnages de la vie publique (écrivains, acteurs, musiciens etc.) à se prononcer sur la mélancolie et leurs recettes permettant de l'accepter, l'éviter, l'appréhender. Le livre tiré de l'émission m'a tout d'abord semblé maladroit : pas de voix, pas de spontanéité, les extraits de dialogues retranscrits semblent manquer de souffle... Lorsque je commence à lire un extrait, j'en veux plus, je veux le reste de l'émission, cette attente heureuse, le jingle et tout le reste ! Les auditeurs sont exigeants.
Cela étant dit, je l'ai fini, ce livre. Je vous dirai même plus : j'ai goûté ces petites perles de sagesse, de drôlerie et d'instantanés de vie d'invités connus et moins connus, voire inconnus pour moi. Ce remède est enthousiasmant, à tel point que dans l'anonymat et la modestie la plus totale, je me suis prise à ce jeu qui consiste à penser à la mélancolie pour mieux y trouver une solution : quels seraient mes remèdes ? N'allez pas penser que cette question soit recevable uniquement après les fêtes de fin d'année, lorsque tant d'individus se sont gavés de sourires forcés, de vœux mielleux et de gourmandises écœurantes dans un monde de traditions que l'on veut croire parfait et authentique, l'espace d'un instant et en dépit de l'écroulement de ce qui reste de ce même monde ; heureusement, la mélancolie peut frapper à tout instant, chacun d'entre nous, même ceux qui pensent y être insensibles ou imperméables ; elle déferle sans prévenir et surtout lorsque vous vous y attendez le moins - surprise ! Alors autant lui faire une place, autant mettre un couvert en plus à table tout de suite et trouver un refuge consolateur, juste au cas où...
Mon premier remède, c'est avoir un chez soi du cœur et de l'âme. Chez moi, c'est les Pouilles, au fin fond de l'Italie Un chez moi saisonnier en ce qui me concerne, mais il compte plus que tout autre - la qualité prime la quantité. Un chez moi brut, authentique et sans fioritures. Un chez moi décalé loin des catalogues en papier glacé - quoi que... il y gagne du terrain - qui m'accueille depuis ma naissance quasiment, qu'il pleuve (très rarement) ou qu'il vente (presque tous les jours). Les couleurs, les saveurs et les sons de ce bout de terre qui se gagne à la sueur du front sont perçants, ne me laissant jamais indifférente et m'attirant tel un aimant. Jamais je n'ai résisté, pour mon plus grand bien ! Avec les Pouilles à l'horizon, le ciel devient clément, l'orage s'éloigne, le cœur et le corps s'embaument après tant de coups reçus.
Autre remède à l'insidieuse mélancolie, les albums pour les enfants. De trait de crayon en planche colorée, ils me fascinent car je ne connais rien du processus qui leur préexiste : main levée, ordinateur, tablette graphique...? A force de parcourir les pages virtuelles, les librairies et les bibliothèques, je commence à connaître mes dessinateurs fétiches et leurs univers : Anne Crausaz, Rebecca Dautremer, Emilie Vast, Oliver Jeffers... Les styles ne sont pas les mêmes, l'émerveillement me prend par la main et m'entraîne vers d'autres histoires, farfelues, incroyables, épiques, intimistes... Une véritable ronde !
La lumière des bougies couplée à une boisson chaude bercée entre mes mains mènent la vie dure aux idées sombres et préoccupations et cela même en plein été. Difficile de refuser une tisane avant le coucher, quelle que soit la saison ! La bougie, c'est le point de repère, la lumière fluctuante dans la nuit ou en plein jour ; son doux mouvement est signe de flexibilité, d'adaptation et de vulnérabilité. Finalement il semblerait que sans vraiment le vouloir, mais sans aucun réticence, je me sois laissé glisser dans le courant du "hygge" que j'ai commencé à côtoyer il y a des années sous sa forme hollandaise, le "gezelligheid". Autant de mots imprononçables pour une philosophie de vie enveloppante qui ne demande qu'à être écoutée et adoptée.
Parlons musique à présent : le long de la route sinueuse qui mène à travers les pins et les fougères à l'océan, dans la brume ou sous le soleil, une voix pas comme les autres m'enlace, sans jamais me décevoir. Et le souvenir - pas la mélancolie ! - d'un concert me saisit, me fait trépigner et chanter à tue tête dans la voiture. Ecouter le son et la voix d'un groupe de pop qui a marqué les années 90, voici une touche de kitsch qui porte haut l'étendard du bonheur tout frais, tout beau !
Je passe allègrement du coq à l'âne, mais c'est ça aussi un excellent remède à la mélancolie : avancer avec insouciance, sans planifier, se laisser porter par l'inspiration. Sans prévenir, le sable chaud et fin de mes petites plages de Méditerranée me glisse entre les doigts alors que j'ouvre à peine les yeux pour entrevoir juste ce qu'il faut du bonheur à la plage, la mer à mes pieds. Se baigner dans la Méditerranée, la regarder, en absorber chaque courbe et quelques gouttes... Ce berceau de tant d'imaginaire et de tant de cultures me fascine (et je ne suis pas la seule, cf. l'ouvrage dont il est question plus haut) depuis toujours ; si je ne risquerai pas l'aventure de la croisière, merci, j'embarque avec délectation sur chacune de ses vaguelettes ou me coule sous sa surface. Et là, la magie opère. Mélancolie, vous avez dit ? Je n'entends que le bruit des bulles...
Photo: It’s Pinkpot
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