Depuis que nos filles sont nées, la sieste est devenue un moment incontournable de nos journées (comme le goûter, mais ce dernier ponctue nos journées depuis la nuit des temps, nuance) ; dormir au cœur de l'après-midi pour moi n'est pas toujours synonyme de bien-être, alors je prends mon mal en patience, surtout depuis notre retraite méridionale et ses heures brûlantes qui invitent sérénité et somnolence au banquet du repos quotidien.
J'observe. J'écoute.
J'observe l'air immobile qui se fait dense, les feuilles qui soupirent, le vent qui s'agite et le blanc qui s'embrase de mille reflets et aveugle passionnément.
J'écoute la nature faite de milles soupirs et voix qui en chœur s'élèvent et chantent un hymne au soleil et ses serviteurs.
L'heure est propice à la sieste, au recueillement, au repos des guerriers et à la lecture réelle ou virtuelle de quelques pages. Les mots scandent les minutes et les pas muets et soyeux à la plage, la respiration se fait lente, cadencée et hétérée.
Le temps, lui, fait une pause et retient sa course au zénith pour mieux rebondir alors que le soir glisse, timidement encore, ses premières notes, douces et bleutées. Elles ricochent sur le profil endormi d'une sculpture éphémère pétrie dans mille grains de sable par des mains habiles et néanmoins inconnues.
...Leurs légères paupières frétillent alors, leurs cils s'étirent et leurs pupilles chatoyantes s'ouvrent, prêtes à voir venir l'heure suivante.
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