J'aurais aimé écrire "Par une chaude nuit fin de printemps, je l'ai rejoint au pied de l'escalier qui mène à l'Opéra Bastille", mais le début sonne résolument faux. Oubliée la chaleur, oublié le printemps... Cela étant dit, tout le reste s'accorde avec la réalité d'une soirée lyrique insolite passée dans ce lieu d'exception qu'est donc le grand frère moderne de l'Opéra Garnier. Vu de l'extérieur, le bâtiment de l'Opéra national de Paris (Opéra Bastille) est simplement intimidant et manque singulièrement de charme à mes yeux. Fruit de lignes épurées et nerveuses, il cache de jolies courbes à l'intérieur et de splendides portes lourdes en bois laqué qui s'ouvrent sur une salle à l'acoustique veloutée. Certes, l'ensemble rappelle davantage une chaîne hôtelière qu'une salle de spectacle, mais le confort d'écoute et d'assise est parfait. Le moindre mot chuchoté atteint clair et précis l'oreille, tandis que la scène reste visible à tout moment malgré une salle comble.
Lors de notre visite, c'est Il Barbiere di Siviglia / Le Barbier de Séville qui était à l'honneur, opéra bouffe qui a été interprété avec brio et dépoussiérée avec une touche d'insolence habile par le metteur en scène, Coline Serreau. C'est frais, pimpant - forcément, Figaro ! - et audacieux de faire jouer de-ci de-là quelques notes de la Panthère rose pour suggérer l'arrivée sur scène en catimini de tel personnage... Sans compter quelques interprétations burlesques agrémentées de déhanchements dignes d'un Michael Jackson au mieux de sa forme. Le bouquet final - actualité sportive oblige - c'est l'arrivée sur scène d'un ballon de football tandis que chaque membre du chœur arbore un petit drapeau dont nous tairont les couleurs pour n'offusquer personne. D'aucuns ont dû être choqués, une pensée respectueuse est partie vers Rossini, sûrement... Mais on ne peut nier le divertissement vibrant qui a animé la représentation et penser à ce que devait être ce type de spectacle à ses débuts : ne s'agissait-il pas justement d'amuser la foule ?
Autre perle de la soirée : les décors de Jean-Marc Stehlé et Antoine Fontaine. La scène mouvante pivote entre les tableaux et offre une vue féerique et imprenable entre la maison de Séville, véritable prison dorée pour la belle Rosina, et l'extérieur, le jardin, la liberté et le déchaînement des sentiments. Dunes, lanternes, voiles soulevés par le souffle du soir, tout concourt à créer une ambiance chaude digne des Mille et Une Nuit. Séville vibre dans chaque détail et l'humour est là, jusqu'à la scène finale, sous les palmiers. Un bien bel opéra, pour une bien belle soirée.
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