Au cours d'un dîner impromptu avec l'un de nos amis abandonné par sa compagne en voyage en Amérique Latine, la discussion s'est tournée vers les lectures de chacun - un de mes sujets fétiches, vous l'aurez compris. Lorsqu'un bon dîner en agréable compagnie se trouve en plus agrémenté de belles lettres, la soirée est parfaite. Comme souvent dans ces cas-là, j'ai mentalement sorti mon bloc-notes et me suis juré de commander au quart de tour Les Cavaliers de Joseph Kessel.
J'avais déjà lu Le Lion il y a des années de cela et j'avais passé un excellent moment, alors pourquoi ne pas retenter l'aventure, du côté de l'Afghanistan cette fois-ci ? J'aime bien voyager, moi. Notre ami semblait si fasciné par l'histoire qu'il m'a en quelque sorte contaminée et une fois que la curiosité s'en mêle, difficile de faire mon autruche ! Mettre la main sur l'ouvrage n'a pas été chose facile, d'autant plus que, pour une fois, je me suis imposé d'aller le chercher chez le libraire et pas sur Internet, comme si un classique de ce type ne pouvait s'acquérir que d'une façon traditionnelle qui n'en entache pas le contenu. Etrange, non ? Je n'avais pas encore tourné une page de l'ouvrage à ce stade, évidemment... Mais j'avais un pressentiment. A priori le livre a encore beaucoup de succès car il m'a fallu le commander et patienter deux bonnes semaines avant de pouvoir passer le chercher...
La lecture des premières pages m'a déçue : la mise en place du récit est longue et un peu laborieuse ; les personnages défilent mais ne sont pas ceux auxquels le narrateur va s'attacher à part quelques exceptions. Ainsi, le doyen du monde nous est présenté en ouverture de l'œuvre et émaille le récit de sa sagesse et de son visage parcheminé. Certes, la mise en situation est nécessaire et donne le ton de ce pays essentiellement masculin, fait d'honneur et de...traditions où la folie et la passion des hommes peut tout ravager ou glorifier en un instant. C'est par des chemins détournés que nous arrivons aux cavaliers et à leur jeu ancestral : le tchopendoz. De cette épreuve d'habileté et de courage dépendent villages, réputations et projets d'avenir ou de postérité. L'enjeu est immense et nous suivons le personnage principal, Ouroz - le cavalier - et sa monture, Jehol, un personnage à part entière. Là, l'image d'un centaure me vient à l'esprit tellement l'osmose est totale au fil de cette aventure et de la défaite lors de la célèbre rencontre de tchopendoz, menée sous le regard des hommes importants de la capitale, la grande Kaboul ! Mais, est-ce vraiment une défaite ? Et toute défaite ne permet-elle pas d'ouvrir de nouveaux horizons et de sonder ses limites et sa volonté ? Le voyage devient initiatique, universel, bien plus que la victoire finalement. Le voyage est aussi long, très long et nous fait plonger dans les rouages de la tradition et de la psychologie de tout un pays. Un récit épique nécessaire pour comprendre de l'Afghanistan autre chose que les images entrechoquées de la géopolitique actuelle.
Photo : aloufok
0 commentaires:
Post a Comment
Let me hear about your daydreams!