La perfection perfectible {Discover}



C'est l'ambiance pailletée des grands soirs à l'Opéra Bastille, et peu importe que l'on soit en milieu de semaine. De nombreux enfants sont là, les yeux vifs, les mouvements enjoués, l'espoir de la magie dans la tête.

Le brouhaha s'efface, les toussoteux dont je fais partie étouffent leur dernière quinte de toux et la musique ouvre le bal, précise et douce, et nous conduit jusqu'au premier tableau de ce grand classique, Casse-Noisette ou le conte de Noël fait ballet : la famille Stahlbaum reçoit amis et parents pour fêter le soir de Noël au pied d'un immense sapin. Ce ballet issu de l'imagination la plus enfantine, je l'ai découvert la première fois quand j'étais toute petite, à l'arène de Vérone. J'en garde encore le goût des soirées sucrées où tous les caprices sont permis !

Sur une corégraphie de Rudolf Noureev, ce ballet prend une dimension particulière à mes yeux : aujourd'hui, chaque note m'emmène à Vérone, me fait valser sur la place Brà, virevolter et tournoyer, et me transporte d'une étoile à l'autre jusqu'à Paris pour plonger ensuite dans l'univers féerique des songes de Clara. Le soir de Noël, la jeune fille reçoit un casse-noisette en cadeau et sous l'effet surprenant de ce ballet-féerie il s'anime bientôt pour se transformer en prince. Ensemble, Casse-Noisette et Clara parcourent la forêt, bataillent contre les souris et leur roi, dansent avec les flocons aériens et palpitent au rythme de leur épopée initiatique... Au royaume des songes la chorégraphie est insensément dense, soutenue et exigeante à tel point que le corps de ballet n'est pas toujours synchronisé, que les portés pèchent de précision et la première danseuse semble crispée par tant de difficultés.

Qu'importe ! Ce ballet est la clé de voûte de notre imagination : il oscille entre fascination et terreur, rêves et cauchemars, perfections et imperfections, clartés et incertitudes. Il se clôt comme il avait commencé, sur le pas de la porte des Stahlbaum, un soir d'hiver, froid et palpitant de promesses.

Credits: TheDaydreamer



 

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