Beau bouquet

Sous un ciel plombé de menaces, la journée s'annonce rugueuse. Ajoutez à cette tourmente des éléments altérés quelques ondées sans espoir et sans éclaircies et la Normandie aurait presque trouvé la recette pour me fendre le cœur d'un geste net, sec et précis. Les forces lumineuses de l'été s'étiolent et la noirceur environnante digne d'un mois de novembre distille de folles envies de cocon doux et coquet. Le thé fumant et la tarte aux pommes du terroir ne sont pas loin...


Cap sur Veules-les-Roses avec les idées bien claires concernant la mission réconfortante du jour et ce besoin de repli rassurant à l'abri du monde extérieur, cet ingrat ! Au détour d'un panneau, discrète et minuscule, s'écoule la Veules, le plus petit fleuve de France. Et le long de ses paisibles berges, des rosiers de toutes les couleurs ponctuent les murets en silex et grès comme autant de confettis jetés à la face d'un rideau gris.

Ruelles, maisonnettes et moulins transposent un conte d'Andersen en Normandie où les toits de chaumes couronnent le tableau idyllique. Les moulins, ou ce qu'il en reste, sont les témoins de l'histoire mouvementée de ce village : tantôt utilisés pour les épices, les textiles ou le broyage de pierres, ils tournent à présent plongés dans la verdure et effleurés par les truites qui viennent frayer à l'abri de tant de tranquillité. Au fond d'une petite cour aussi fleurie que le reste du village, le salon de thé est une perle de l'architecture locale : coquette et romantique, cette bonbonnière d'un autre siècle embaume la tarte aux abricots, raisins secs et amandes... Le thé des poètes est un bon choix en en ce lieu où des envies de poésie vous titillent. Il est vrai que le tapis est épais et la table commune porte les stigmates de tant de théières en fonte brûlantes de trésors feuillus. L'endroit est vécu et le service aussi, malheureusement (sans parler des prix)... Un nuage passe...

La folle rhapsodie de l'hiver est vite oubliée - ou assimilée - en ce petit paradis des peintres et au détour des pierres bleutées de chaque maison lovée dans ce nid si bucolique.

Si l'éclaircie arrive, la promenade aux couleurs changeantes s'impose... bien loin des rives d'été, certes, mais iodée tout de même.

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