Tuesday, June 29, 2010

Délectation


Les listes de blogs "amis", ce n'est pas ce qui manque dans la blogosphère et c'est bien normal vu le principe de partage qui règne dans celle-ci. Ces listes magiques sont une véritable source d'inspiration et souvent la porte ouverte sur tout un monde qui, de lien en lien, vous conduit vers d'agréables surprises et rencontres. J'avoue m'en délecter dès que le temps lâche prise...

Souvent, la "blogroll" (liste de lien amis, donc) reflète le style du blog parent et c'est ainsi une cascade d'informations qui attend le lecteur sur chacun de ses blogs fétiches ; un billet lui plaît, il en redemande et va pouvoir trouver dans la liste des blogs présente sur la page un écho à cette première et heureuse rencontre. Pourquoi cette apologie de la liste de blogs amis alors que celle-ci brille par son absence dans mes pages ? C'est justement cette (sur)abondance de blogrolls qui m'a aussi incitée à ne pas suivre la tendance, d'autant plus que la forme de la nomenclature pure et simple est à mon avis réductrice car elle laisse peu de place à l'expression. A tort ou à raison, je ne sais pas.

En revanche, c'est vrai que l'envie me prend de partager celles qui sont devenues, au fil des lectures sur la toile, mes haltes incontournables, ces sources inépuisables de pensées, d'idées ou d'images. Plutôt qu'établir une liste anonyme - simple suite de titres, par ordre alphabétique, peut-être - je préfère me laisser aller au gré de l'inspiration du moment et vous livrer, ici et là, quelques perles car le bonheur, ça doit se distiller judicieusement.

My Tartelette est l'une d'entre elles.

Ce blog élégant est avant tout appétissant. Les recettes suggérées sont gourmandes et parfaitement servies par une photographie qui apporte une touche de domesticité et d'espièglerie parfaitement accordées. Les couleurs sont douces, les motifs rafraîchissants, la lumière une alliée maîtrisée... Le résultat est une image attrayante, flatteuse tant pour le produit de départ de chaque plat que pour le résultat final, sublimé par une mise en scène flatteuse. Tout se tient donc : le style intimiste et riche en détails, le type de recettes choisies (parfois, un plat salé s'immisce de façon effrontée dans ce monde de tant de douceurs) et le visuel et c'est justement cette harmonie subtile qui attire, presque quotidiennement, ma petite souris... aidée en cela aussi par une indéniable gourmandise et une incontrôlable envie de pure délectation.

Saturday, June 26, 2010

I am reading...

Avez-vous vu le film "La Môme", sur Edith Piaf ? Si vous répondez par la négative, je ne peux que vous suggérer de le voir et si vous survivez à tant de talent mêlé à tant de larmes et de peine, revenez lire ces quelques lignes.

C'est le test pour savoir si vous serez en mesure de résister au contenu du livre Torturez l'Artiste.

Revenons un instant au film, car les deux sont intimement liés dans mon expérience : en effet, ce long métrage m'a définitivement convaincue que les artistes parmi les plus grands de ce monde ont produit la quintessence même de leur art alors qu'ils faisaient face aux pires doutes et souffrances. Comme si l'art n'atteignait son apogée que sous l'effet déchirant de la douleur, physique, certes, mais surtout psychologique et morale. Un triste constat peut-être car, en partant vers l'autre extrême, cela voudrait dire que tout homme fondamentalement heureux - en dépit de son talent - serait bien incapable de produire de l'art à son meilleur niveau ?

S je n'ai pas la clé de cette énigme à portée de clavier, la lecture du livre de Joey Goebel n'a fait que conforter la première thèse à mes yeux.

Afin de proposer au monde des émissions de télévision de meilleure qualité, une école est fondée par un illuminé richissime (toute ressemblance avec la réalité est fortement voulue, autant vous prévenir) : elle recrute les profils fertiles, soit des jeunes sans repères ayant déjà souffert bien plus que la moyenne. L'école et ses agents exploitent ensuite ce terrain douloureusement favorable pour pousser les recrues à bout afin de s'assurer que leur manqueront toute leur vie amour, passion, sérénité et argent. Voir la santé. Oui.

Outre le fait que l'idée part peut-être d'une volonté d'améliorer la condition de tant de cerveaux abrutis par les ondes HD, on est en droit de se demander le pourquoi de tant de mal et de perversité et ce retour - une fois de plus - à l'exploitation de l'homme par l'homme alors que la demande semble ne pas être là ! La raison est essentiellement économique, bien-sûr, mais ne nous voilons pas la face : qui a véritablement envie d'être sorti de sa douce torpeur médiatique à vocation débilitante ? QUI ?

A lire et à méditer sans modération.

Vamos a la playa...


Oh, oh-oh-oh-oh. Voici un set de plage aussi improbable que la chanson qui m'a servi de source d'inspiration. Rêvasser en plein jour, en même temps, n'est pas vraiment conseillé, surtout sous le soleil qui tape, qui tape, qui tape... alors si en plus on y ajoute l'effort physique du pédalage...

Thursday, June 24, 2010

Hysterical Housewife

There is a moment when, frankly, you realize how ridiculously excited you can be about little things and despite the awareness, you just go on and don't even bother to hide under the couch. Worse, you may actually want to write about it - in a blog, of all places.

Ts, ts, ts. Ridiculous.

I mean, no matter how much you love Nigella's no fuss recipes and hands-on approach to food and meals in general, who would start screaming and jumping up and down because she found out that there is an application that just came out based on the quick recipes of her Nigella Express book? Who would do such a thing? I wonder... Certainly nobody in their right mind.

Certainly not.

And I can just picture that person, with a hysterical smile painted on her scarily hilarious face (yes, I assume it's a woman, men have become desperate these days), clicking furiously around the iTunes store ("Why is the Internet connection suddenly sluggish?"), frantically looking for the miraculous little gadget that will give her a sense of security and goddess-like accomplishment - I mean, how can you starve with so many fun recipes to hand (or rather, to finger)?

Nonsense.

We can just go on and on and daydream about the doings of this mysterious feminine character, totally infatuated with the novelty of it all - an iPhone App, can you imagine?? - and just picture her astonished reaction when discovering the content of it all: bright colors, gorgeous pictures, a well-known voice, video bits here and there to put you back on the right track, comforting settings and above all, totally user-friendly navigation in what will soon turn into a portable little kitchen.

(Should have invested in the App right away instead of waiting 5 months for the real-McCoy kitchen to be up and running, just a hysterical thought.)

You know, that's the kind of person who had probably been dreaming for ages that some magic hand would automatically export a list of ingredients out of any recipe she was contemplating to cook and import it in the grocery list she was making. Obviously that person has got to have a lot of spare time to think about such trivialities.

No, really.

Well, the magic hand has appeared and of all hands it is Nigella's! WOW, that's when the housewife App buyer bowls over and sprawls on the floor laden with happiness and showing all the ominous signs of the overwhelmed and self-declared kitchen slave. All toes wiggling. The new version of the Joker is born.

Beware.


Credit: iTunes Store

I am listening to...

Vous saviez, vous, qu'elle chantait aussi Agnès ? Oui, je l'appelle par son prénom parce qu'après avoir écouté à plusieurs reprises son album, c'est une amie. Si vous pensez que mes amis sont vos amis, vous allez l'adorer et je vous conseille de l'inviter chez vous avec ces musiciens du sublime qui l'accompagnent. La fête n'en sera que plus chaleureuse et empreinte d'une vérité ensoleillée à vous faire rire et pleurer en même temps.

Wednesday, June 23, 2010

Amandine, c'est ma copine

Enfin, l'heure fatidique du passage à la caisse (bondée) a sonné : on fait contre mauvaise fortune bon cœur et on essaye de patienter bien gentiment en faisant la queue. Au milieu de cette avalanche de sons et lumières du supermarché, un petit lutin surgit, bien habillé par maman et papa en pur style poupée de sucre. L'attente interminable trouve là un gentil répit et je me surprends à observer cette petite fille qui, sans y l'ombre d'une hésitation d'adulte accablé par la dose de culpabilisation toute chrétienne, tend sa petite main vers les jolies boîtes multicolores rangées à côté de la caisse, pour le plus grand plaisir de tout parent qui va devoir faire face. A quoi ? A la phrase incontournable: "Je veux ça." Bien sûr, ma chérie, bien sûr. Et de là à devoir trouver une phrase habile, un centre d'intérêt sauveur qui puisse sortir maman et papa de l'impasse et de la crise d'hystérie en public (quelle honte, quelle honte), il n'y pas qu'un pas. La route est tortueuse et sinueuse, beaucoup moins rapide à trouver que celle qui mène les dizaines de clients du supermarché au ras-le-bol.

Dans tout ça, j'arrive à trouver une ancre à laquelle me rattacher. Instinct de survie, sûrement. C'est que la maman a jeté à l'eau le nom de sa petite fille: par syllabes détachées, très claires, comme pour bien en souligner la noblesse : "Amandine". Ah, je suis sauvée car à la simple prononciation de ce diminutif quelque peu désuet, c'est une avalanche d'idées qui me distrait du drame économico-familial en cours au rayon chewing-gum et boulettes chimiques.

Amandine, c'est aussi le nom d'une douceur, l'un de ces desserts simples et envoûtants qui viennent clore un dîner estival vite fait bien fait, pas besoin de transpirer, tout en finesse et en beauté et dans le respect des produits de saison ! Le tout est de remonter à la source de ce dessert vieux jeu, au site, au blog... Je revois la photo de cette belle croûte dorée ponctuée de perles rouges et rondes à croquer. Je suis sauvée. La cerise sur le gâteau du dîner est toute trouvée. Amandine, et je le savais de toute façon, comme une intuition, que voulez-vous, c'est ma copine. Na !

Ingrédients :

  • 2 gros oeufs
  • 60 g de beurre fondu, légèrement refroidi
  • 60 g de poudre d’amandes
  • 60 g de sucre de canne blond ou de sucre Demerara
  • 1/2 gousse de vanille, fendue et grattée ou 1/2 càc d’extrait de vanille pur
  • 2,5 càs de crème fraiche ou de mascarpone (j'ai passé cet ingrédient, la vérité si je mens)
  • 350 g de cerises (un peu beaucoup à mon goût en proportion aux autres ingrédients - j'ai remanié à ma sauce avec 250gr à la place...)


La recette du bonheur un soir de semaine, ça tient à ça :

Beurrez un récipient allant au four ou 4 petits ramequins.
Préchauffez le four à 200°C.
Lavez les cerises et dénoyautez-les (ce sera moins laborieux à manger pour vos invités).
Mélangez à part le beurre fondu, la poudre d'amandes, le sucre et la vanille, suivis des œufs (et de la crème si vous avez choisi de vous faire peur).
Versez le mélange dans le récipient de votre choix et...déposez les cerises une par une dans la pâte - un geste qui remplit de satisfaction !

Il ne vous reste plus qu'à enfourner le tout pour 15 petites minutes (20 si votre four est moins virulent que le mien).

Surveillez en tout cas la cuisson et dès que la croûte est formée et dorée à souhait, sortez le dessert du four. Servir tiède pour une dose gratuite de bonheur.


Tuesday, June 22, 2010

The Quote

"Then they set out along the blacktop in the gunmetal light, shuffling through the ash, each the other's world entire."

--The Road by Cormac McCarthy

Monday, June 21, 2010

Don't stop the music


This month of June was full of celebrations between weddings and two family birthdays in a row! This leads me to thinking that we have been dancing away quite a few nights, enjoying every rhythm and every opportunity to just let go to the blissful sound of music. Even though today is a special day in France, all for music, I have come to realize how much music is part of our lives every single day: we sit in the car and switch the radio on... I just got home from work and the first thing I push to unwind is the Play button... And on it goes, one key note after the other on the partition, to the playful sound of audio creations that will accompany us, one way or the other throughout our lives.

I quite enjoy the company of this harmony and even more so when I can dance away, slipping into a diva-like role with myself and I for a few minutes... Why not? This is part of the game and if we play social roles we can also play this one, right? Tonight'smusic will brighten every corner, make fun of the grey weather and chilly temperatures and draw people together in little or big squares, along the river Seine, at the end of the cobblestoned impasse, to listen to soft jazz or hard rock - it will be all about passion, dreams or fulfilled reality.

In my little haven, I have started warming up to the celebration of music in my own, almost quiet way in order not to scare the melody away and retain every lyric... Dulce Pontes is singing softly in my head, carrying me to faraway shores, sunny cultures and fado laments.

Dont' stop the music and welcome summer and its own tunes!

Friday, June 18, 2010

Racing the Planet

There are messages from friends that just help you realize that the world is so much bigger than your everyday comfy life. They wake you up, make you toss and turn, think and stand up.

Our friend P. just sent us an email - nothing new there, nothing to fret about. As I started reading the content of his email, my interest grew: he is going to participate in the Racing the Planet Gobi March. Yes, Gobi as in Gobi Desert, not the boho restaurant next door.

He is used to participating in extreme competitions, always pushing the limits one step further with the same smile on his face and tanned skin on his body (we are so jealous of his year-round good looks, but he already knows that. I am NOT being paid to say this, promise).

Aside from the obvious sporty dimension of such an extreme adventure in a far away territory, there is the geographical, social and political context to take into account and this is where the simplest things in life can get a bit rocky: Internet connection? Twitter? Personal cell phone? I don't think so. Forget all your gimmicks in this highly-sensitive area of the Chinese territory... Only the very official means of communication are allowed - so much for privacy if you know that your emails will be read by all competitors or organizers. So, think before you write, think.

Aside from the event and its context, there is another layer that brings a whole new meaning to this adventure and P.'s involvement: our friend is running to help raise funds for Duchenne Muscular Dystrophy (DMD) patients. As you may well imagine, there are personal reasons involved - I won't detail them here, but would strongly recommend instead that you read P.'s blog during the race and hop over to his site to fully understand that what is at stake is not personal satisfaction, victory or glory, but the future for patients who one day may not be able to accomplish essential movements, to walk, let alone run.

On a more generic note, I am a firm believer in everyday miracles and dreams: this event and its deep significance should help us see that what we take for granted every morning when we wake up from our sound night's sleep is actually a gift to cherish deeply and appreciate with due respect and unlimited gratitude.

All reasons enough to cheer for P.'s race and get involved!

Credit: Flickr

Thursday, June 17, 2010

Avis de naissance


Ils sont nés, ça y est : trois beaux bébés et certainement pas les derniers. A chaque nouvelle grossesse, des triplés, paf. Inutile de chercher à en connaître le sexe, ils sortent au gré du hasard virtuel, choisi par une main invisible informatique. Trois bébé joufflus, symboles du temps passé et du temps qui passe avec leurs traits vaguement familiers.

Vous voulez les connaître, leur faire des papouilles ?

Ah, mais rien de plus simple : aussitôt sortis, aussitôt exposés aux yeux de tous ou en tout cas des plus fidèles qui sauront les repérer parmi tant d'informations. Alors évidemment, comme chaque nouvelle fournée apporte ceux que l'on appelle à juste titre "les petits derniers", ils apparaissent au fond de la salle principale de la maternité, tout au fond, tout en bas même... Ils sont tellement beaux que même la forme carrée leur va à la perfection, vous ne trouvez pas ?

Fière d'elle la maman, je peux vous le dire... Surtout après avoir admiré pendant des lustres les rejetons des autres mères créatrices et avoir cherché sans relâche comment on faisait les bébés... Tout le monde doit trouver ça si évident que l'information est rare.

Enfin voilà, justice est faite à tant de persévérance : au terme de cette énième grossesse - en cours sous vos yeux, là là - trois de plus viendront afficher sans hésiter leurs caractères bien trempés.

Le baptême : un pour tous et tous pour un, sous le joli prénom de "Related Daydreaming Moments".

Finissez donc de lire ce billet et jouez des coudes entre ces lignes pour en atteindre la fin et découvrir ses trois frères jumeaux - ces petits billets qui renaissent un peu aujourd'hui, repêchés dans les archives virtuelles de ce blog, mère pondeuse s'il en est.

Quote


"There is no use trying", said Alice: "one can't believe impossible things."
"I dare say you haven't had much practice," said the Queen. "When I was your age, I always did it for half an hour a day. Why, sometimes I've believed as many as six impossible things before breakfast."

- Lewis Carroll

Monday, June 14, 2010

Today's Tidbits

Some days, my brain turns into a sponge: it absorbs every bit of sentence, phrase or word it hears. Imagine a recorder plus an amplifier. A beautiful piece of technology I got there.

Luckily, it does not cause any headache, but it could (this is time for probabilities and statistics). As a cure, I have decided to let it all out, like the water that comes out of the sponge when you squeeze it, see?

So, let's squeeze and play a little game of mental relief: first I will list the bits of sentences harvested today in the street, in the subway, on the phone, in live (surrealistic) conversations and then... You will see.

A-"I don't think we are ever going to make it there..."
B-"Désolée, je ne peux pas t'aider."
C-"Si vous ne résidiez pas sur le sol français, vous n'êtes pas imposable."
D-"Votre pièce d'identité est illisible."
E-"Sua mamma insisteva..."
F-"Je suis désolée, vous m'attendez depuis 9 heures ?!"
G-"Je ne peux pas te parler, j'ai envie de faire pipi."
H-"Demain je dois préparer mon concours."
I-"I was up all night to research some links..."

This should already give you an idea of the type of characters I bumped into today: people from all countries, all paths of life, funny, pathetic, lazy... Lots of admin related hassles...

Now a little game: every time I grabbed a pice of conversation - whether voluntarily or involuntarily - I automatically produced a comment, not always friendly I have to say... But who cares? It is not like people could hear me anyway (I am in a rare mood today, might have noticed).

So, match my responses to each of the sentences above (and win lots of gratitude from my mean self):

1-Another GPS-spoiled kid in town.
2-Oh yeah? Want a medal for that?
3-Ben oui, mais je sais, c'est un complot patronal qui est à l'origine de tout ça.
4-Sinonimi.
5-Tu mérites pas de l'avoir, fainéant.
6-Les mensonges, ça vous tuera.
7-Je comprends - t'es occupé sur Facebook.
8-Un couple moderne c'est ça.
9-Le miracle du jour.

N.B. Should have told you this before, but the language used in each response matches the one of the original sentence - makes perfect sense to me, but you know... thought I would specify...

Enjoy the little game and dream sweet conversations lovelies!

Credit: Fubiz

Friday, June 11, 2010

Pas-de-foot


Le pas-de-deux, je connais : 10 ans de danse classique il y a des siècles de ça - on vous avez déjà dit que la danse ça conserve, non ? - je vous l'aurais peut-être esquissé avec un semblant de grâce.

Loin de la légèreté classique, nous voici donc dans l'ère du pas-de-foot : pas une soirée sans que le petit écran nous renvoie un terrain vert clinquant à faire pâlir d'envie la plus sage des normandes. Au lieu de brouter paisiblement l'espace ainsi mis à leur disposition, les hommes font quoi ? Ils courent après la baballe. Histoire d'oublier les jupons pendant 90 minutes de leur journée. Toujours ça de pris.

Etant donné cette inflation footballistique incontournable, j'ai le plus naturellement du monde décidé de me retirer aux fourneaux. Comme ça, les clichés ne tomberont pas ce soir, c'est sûr. Je vous écris donc dans la plus grande mode de la femme au foyer (celle de moins de 50 ans, tout de même) moderne : l'ordinateur portable sous le coude, le couteau aiguisé (pour tous usages) dans la main gauche et la panzanella en double page sur mon livre de cuisine.

Panzanella ? Ce n'est pas un pas de deux. Mais ça peut se manger à deux, préférablement pas en rythme afin d'éviter la camisole de force si jeunes ; ce serait du gâchis prématuré... Ça peut se manger à deux, oui, mais si tenté que soit gentil mari de baisser les yeux pour enfourcher la bouchée et pas mon pied gentiment replié sur le canapé pour un confort féminin absolu (plus personne ne s'assoit de nos jours, les bonnes manières se perdent).

Venons-en au fait culinaire du soir :

- 1 kg de tomates assez fermes
- 2 gousses d'ail
- 1 oignon blanc finement coupé + un paquet de Kleenex avec au moins 2 mouchoirs dedans
- 150 g de pain de campagne rassis et légèrement doré au grill
- 5 cuillères à soupe d'huile d'olive
- 3 cuillères à soupe de vinaigre de vin
- sel, poivre


Vous vous doutez bien que pour un plateau télé conjugué à la sauce au testostérone je n'allais pas vous préparer un soufflé.

Là, le pain grille gentiment au four - je vous conseille de commencer par cette étape si, comme moi, vous n'avez pas de pain rassis sous la main.

Pendant ce temps, on coupe l'oignon et on sort le premier Kleenex (ah, le coup d'envoi retentit - c'est du direct que je vous livre, pur et rond comme le célèbre ballon) et les tomates. Hachez l'ail finement et mettez le tout dans un saladier on ne peut plus résistant - les coups d'éclat pendant les matchs, ça casse tout à la ronde. N'oubliez pas le basilic.

Passionnée comme je suis par l'huile d'olive (ah, la camisole de force se rapproche à grands pas), il va de soi que je vais vous conseiller de ne pas arroser ce plat simplissime avec n'importe quoi (définition : le jus d'imposture vendu dans les grandes surfaces, fade et inodore comme les crèmes antifongiques) ; choisissez une huile au goût frais, sentant bon le citron et l'herbe coupée ; il faut qu'elle soit bien équilibrée, pas trop poivrée et pas trop forte pour ne pas effacer le caractère des autres ingrédients (surtout que les tomates de nos latitudes, c'est un concentré en eau et c'est tout...). Allez, le coup de sifflet final : vinaigre, sel (Maldon si vous en avez et vive la reine d'Angleterre !) et un petit tour de moulin à poivre comme les grands chefs, puis deux petits tours de terrain pour la gloire gastronomique.

Il ne reste plus qu'à savourer allègrement en évitant de s'étouffer à chaque fois que l'équipe tricolore (la France today) effleure le ballon de ses rêves. Dur de passer une soirée où il n'y a pas de foot par les temps qui courent, dur...

J'oubliais : le deuxième Kleenex, c'est pour la fin du match, en cas de défaite de votre équipe fétiche, quelle qu'elle soit. Courage.

Photos : TheDaydreamer (via iPhone)

Tuesday, June 8, 2010

In my corner of the world

The signs are unmistakable: if you look at the number of tags for this post, you know already something is going on - a bit of confusion, a bit of emotional mess, no directions, just a lot to think about and to say.

Like in a restaurant where the menu covers about 20 pages, there may be something fishy going on - it cannot be all fresh, right?

But that's all right - at least with me - because this is when I realize that I have a corner of the world all to myself where I can sort things out or leave them be... There is a physical, geographical favorite corner, of course, and that would be the safe haven of the apartment right now, provided all windows are wide open; and then there is this virtual corner right here, meant like a place to share. Two very different approaches, apparently: one very inward, and the other one very outward and exposed - as if I was reaching out. As always, I do believe they can be compatible and even complementary. What do you say, can Janus join us here?

Luckily when I feel a bit under the weather or confused, I have lots of uplifting memories to turn to, starting with the sexy notes of a talented singer: I can just visualize the sparkling gold dust falling on the audience, so simple, so magic (no man coming from the moon), his incredibly velvety voice rising in the big Bercy space - why on earth would you stage a crooner's concert in such an anonymous and huge space? - only to make it seem smaller, cosy and welcoming, against all odds and with natural grace and showman humor. The band plays, swings and jumps bringing us all in its melodious wake. This is what combined talents are. Pure and simple.

While my tattered mind wanders in the enchanting concert atmosphere hanging on to every memorable song, the warm water of the bath is like a soothing blanket made fragrant and soft by the massage oil candle - a lovely birthday present, from a lovely person... Obviously my own corner of the world would not be complete without the reassuring assistance and guidance of books - they are my good friends, the tellers of secret stories, dreams and hopes of all kinds and for all characters, the repositories of precious addresses hidden away in the heart of Paris (again: a most welcomed present from a dear friend - I tell you, presents are what you want to have around you, night and day) - so many promises of moments in time to share!



Little by little, all of these bits of happiness come together - and there you have it: my very own corner of the world for one evening.


La terre est rouge

Les images de la Terre prise par tous les satellites et véhiculées en tant que symboles aux quatre coins du monde sont bleues, vertes avec une touche de blanc nuageux du plus bel effet météo. C'est bien beau tout ça et merci Google Earth au passage, mais la terre ici-bas change de couleur entre la fin mai et le début du mois de juin.

Vous ne le saviez pas ? Le changement est fugace, il se fait à la volée.

Pour vous y retrouver, faites donc un tour du côté des arènes de Roland Garros, là où la poussière rouge, quand elle n'est pas battue, colle aux chaussettes en coton plus blanc que blanc, se soulève en un tendre et redoutable nuage déposant chaque particule dans les yeux des joueurs en sueur et fait la joie des spectateurs qui sont là, sourire aux lèvres, sous le soleil exactement, pour assister au combat de ces gladiateurs à la raquette foudroyante.

Le spectacle se déroule sur le court, si vous avez la change d'assister à un quart de finale où soudainement, au troisième set et après un bon roupillon tennistique duré deux sets (oh, que c'est long deux sets ennuyeux...), l'adversaire dormeur se secoue les puces et relève la tête et le cadre de sa raquette pour enfin s'apercevoir du filet, droit devant. Aussi inattendue que bien venue, cet éveil sportif en cours sous vos yeux ébahis change votre journée, radicalement : un combat riche en rebondissements, une tension qui fait vibrer l'air et des applaudissements à en faire rougir de plaisir les paumes des mains les plus chastes !

Le pompon dans tout ça, c'est que la fête rebondit tout autant en bas qu'en haut des gradins : dernières modes, chassé croisé de regards furtifs cachés derrière les lunettes noires - plus show biz tu meurs - tout le monde se scrute ("elle joue au tennis elle, là-bas, j'en suis sûre : il n'y a qu'à voir la taille de son biceps droit !"), se pèse et se soupèse dans un vaudeville social à la légèreté toute calibrée.

Le combat ressort mieux sur fond rouge, il n'y a rien à faire.

Wednesday, June 2, 2010

I am reading...

Something tells me that starting this post by telling you that this book was suggested to me by a very dear friends whose literary taste seems to be irremediably opposite to mine may not be the smartest thing to do.

A little too late.

However, we can turn this around and just say that now that you know the background, it will help put things really into perspective when reading what follows. The Yacoubian Building was written by Alaa al-Aswani and was a total hit with my dear friend. I had to find out more, you see... More about the book and more about our opposite book taste which is something I still cannot seem to accept after all our years of undisturbed friendship. A bit stubborn, am I?

And there it is, the exception! The book starts rather slowly by setting the background of the story in a building called Yacoubian (the name of the original owner and contractor, if my memory serves me right): from one apartment to the other, we push the doors open to find out, little by little, about the inhabitants. The regular, everyday routine of everyone's life is slowly enlarged to cross personal borders and depict Egypt's true profile. The characters meet and reveal their true selves, their stories, their past and future for better...or for worse. What seemed like a clearcut existence in Cairo turns out to be an intricate game of hide and seek, official and unofficial moves - the final picture may even reach the grotesque and absurd. Try again, this is the social, religious, political, economic and historical reality of Egypt described rather bluntly by the author.

This is a fascinating and scary microcosm. What is even more fascinating is that the novel was a top seller throughout the Arab countries.

Thankfully, there is hope too, a ray of light that I will let you discover. A must read that will help you understand many of the issues of today's Arab world - and inevitably ours.

Credit: TheDaydreamer (via iPhone)

Sur l'autre rive

Lorsque vous débarquez du petit bateau blanc et jaune et posez les pieds sur la terre ferme, c'est effectivement le symbole même de la terre, celle exploitée à outrance qui vous accueillit à Hondarribia, au Pays Basque espagnol : une coulée de ciment recouvre le petit port anonyme à souhait, tandis que les grues aux longs cous vous toisent du haut de leurs futurs projets immobiliers. Franchement, il y a de quoi regretter d'avoir quitté l'autre rive, celle de Hendaye (Pays Basque français).

Comme toujours, la récompense vient à qui sait attendre, ou marcher, au choix. Avec un peu de patience et sans se plaindre le moins du monde du soleil sur nos têtes, nous rejoignons donc le dédale de petites rues qui s'enlacent au cœur de la vielle ville. Là, c'est autre chose. Un autre monde, un autre temps et une vivacité toute basque, chants à capella à l'appui, qui s'épanouit devant et derrière les volets en bois peint (rouge, bleu, vert), dûment fermés ou entrebâillés pour éloigner la chaleur envahissante en ce début d'été. La queue devant le marchand de glaces est fournie, notre coupe du bonheur aussi : au grand air, pas à pas, l'architecture se laisse découvrir - du fer forgé des balcons, aux fresques sur les devantures des maisons aux lourdes portes en bois cachant la fraîcheur de quelque patio ou escalier sombre et délicieusement silencieux.
La mer, le bleu, n'est jamais loin et sait se montrer généreuse en ce lieu où les baleines se donnaient autrefois rendez-vous : elle souffle, légère et insoupçonnée, un peu d'air frais ici et là... Les touristes ont remplacé les cétacés, mais se font très rares dans le vieux centre-ville qui en devient une oasis, un privilège du voyageur... C'est là toute l'astuce de cette virée paisible au son de vos pas sur les pavés, au fil de l'écho des oiseaux omniprésents qui saluent notre curiosité à pousser la découverte un peu plus loin, afin de trouver le véritable trésor caché de l'autre rive.

Photos: TheDaydreamerdiary