Tuesday, March 30, 2010

On tourne !

En ce moment, j'entends souvent dire autour de moi que chaque jour est porteur d'un miracle, aussi petit soit-il. Bien, pourquoi pas ? Je suis partante si de temps en temps la moindre clé retrouvée dans le repli d'un parapluie oublié peut me montrer le rayon de lumière salvateur au bout d'un tunnel de tracasseries quotidiennes sans importance.

Alors l'un des derniers miracles en date m'a vue entraînée en terre sainte, tout près de Paris, dans un lieu retiré du monde, noyé dans la verdure pure et candide. L'Abbaye des Vaulx de Cernay a illuminé mes jours et mes nuits, une révélation inattendue se présentant tel un château hanté par l'esprit du prieur en pleine nuit ; les vestiges de l'église s'élèvent dramatiquement vers le ciel sombre strié d'une fine pluie qui a dangereusement attiré les grenouilles sur les routes goudronnées. Quelques hiboux défient la sainteté des lieux avec leurs conversations gutturales, tandis que sur les riches tapis nous conduisant d'une pièce à l'autre les pas sont étouffés pour ne pas déranger les moines cisterciens en prière. L'encens vous emmène vers d'autres cieux et imprègne chaque coin et recoin comme une enveloppe salvatrice.


Incroyable sensation que de voir un tel édifice surgir de ce qui était autrefois une forêt inhospitalière qui a mis à rude épreuve les plus croyants des hommes de foi. Mais elle n'aura pas eu raison d'eux et il n'est pas difficile de les imaginer s'échiner pour creuser les canaux, défricher et assembler les pierres de l'abbaye... Au milieu de ce havre de paix, le grand miracle a été doublé d'un petit miracle, pas plus grand que la taille d'une touche sur un téléphone (paf ! Retour sur terre...)... Petit miracle qui fait que je vous livre une prise de vue on ne peut plus animée des lieux pour vous faire partager la paix et la présence insaisissable de la foi et de ses grandes œuvres. Regardez bien, le loup se cache dans l'une des séquences.

Silence, on tourne !

Monday, March 29, 2010

Moonblush - again and again

Is there anything as beautiful as a moonblush? Come to think of it, I am not really sure I know what it means: does it refer to that fleeting moment when the moon recognizes the truth behind her story and turns all red with sweet embarassement? Or does it refer to her pinkish cheeks when her lover starts peeling the clouds away from her pearly, inviting, full body? In both instances, it takes time for the moon to turn into a soft pink lady... So be patient, take out the deckchair and sit in your garden in the last warm hours of the spring days if you want to have the slightest chance of catching her breathtaking beauty.

The moon and her perfect circular shape landed in our round plates, a sort of visit in disguise. She sent me so many half moons of tiny cherry tomatoes that blushed away under the heat of the grill that I almost felt I had to blush to honor such an appetizing view. To help the fruits on their way to tastiness, a few touches of magic herbs added the needed extra layer of warm perfume and pungent texture - dried oregano from south Italy, freshly milled black and red peppercorns and salt flakes from Maldon. Is it summer yet? And where is the swimming pool?

The sexy little beauties were all lined up in our oven-proof dish, ready to undergo the proof of fire under the benevolent orders of their big, welcoming mother perched high in the sky, showing red cheeks of pride, of course!

The recipe is taken from Nigella Lawson's Internet site, but was simplified with much shorter blushing time under the grill - up to you to play with your little tomatoes - and you will see that we did not refrain from shifting things around, mainly because I had no idea where the cookbook was in the moving boxes... Is this a bad excuse? Yes. Ok, I am blushing now:

INGREDIENTS

500g (about 24) on-the-vine cherry or other baby tomatoes
2 teaspoons Maldon salt or 1 teaspoon table salt
1/4 teaspoon sugar (we forgot that...oops)
1 teaspoon dried thyme (we used dried oregano)
2 x 15ml tablespoons olive oil (ah, don't forget the olive oil!)

1.Preheat the oven to 220°C/gas mark 7.
2.Cut the tomatoes in half and sit them cut side up in an ovenproof dish. Sprinkle with the salt, sugar, thyme and olive oil.
3.Put them in the oven, and immediately turn it off. Leave the tomatoes in the oven overnight or for a day without opening the door.

Credits: Flickr

P.S. Why "again and again"? Because I already told you about my love for this small but great recipe :-) I cannot get enough...

Thursday, March 25, 2010

Le sublime...

Le Grand canal, Venise (William Turner)

Il y a des expositions que l'on se doit de voir quand petite on a admiré la couverture d'un catalogue d'exposition posé sur une table basse : la couverture était un soleil couchant ou levant, une promesse de douces couleurs aux contours insaisissables et hypnotiques ; à l'intérieur de cet écrin, les vues de Venise enchanteresses invitaient à la découverte paisible de nouveaux horizons et nouvelles richesses.

Bref, l'exposition "Turner et ses peintres" actuellement mise en scène au Grand Palais était une évidence, aussi lumineuse que les tableaux de Turner admirés dans mon enfance. Avouez que les premières impressions étaient prometteuses !

C'est donc d'un pied léger et la curiosité en bandoulière que j'ai franchi la porte de l'exposition : le parti pris est de montrer quels ont été les maîtres inspirateurs du génie de Turner, les influences qui ont façonné son monde créatif et ses choix. Merveille des merveilles, d'une salle à l'autre on découvre des peintures qui se font écho et créent une belle vue d'ensemble, une toile de résonances. Cela dit, la comparaison s'est souvent révélée défavorable à Turner, d'où une certaine surprise de ma part lors de la découverte de sa démarche artistique : reprendre les tableaux des peintres à l'origine de son intérêt ou de son admiration pour s'en inspirer et les reproduire à sa façon, jusqu'à atteindre, intégrer, digérer en quelque sorte l'essence même de l'art des maîtres. Et là, tout le monde y passe, de Rembrandt à l'art romain en passant par le Titien... Avec peu de bonheur, hélas, pour l'élève dont la lutte et l'incapacité à effleur le talent de ses "amis" semble s'afficher dans l'aspect pâteux de certaines toiles, les traits forcés, les sujets caricaturaux, les couleurs criardes... Bonjour déception.

Le summum a été atteint dans la salle dédiée au sublime, concept mis en opposition à l'harmonie de la beauté selon les canons classiques ; les peintures d'avalanche ou d'anges debout dans le soleil s'éloignaient avec une efficacité redoutable de ce qui à mes yeux pouvait être le sublime ! Si la découverte de la méthode d'étude de l'inspiration par Turner a été un véritable plaisir inattendu, le résultat - ses toiles - a été une chute abrupte, loin de sa lumière si caractéristique, des ses paysages inachevés illuminés de l'intérieur et si propices à une rêverie pour le coup véritablement sublime.

Avalanche près de Graubunden (William Turner)

Monday, March 22, 2010

Séance masque et tuba

Depuis toujours fascinée par la mer, rouge, noire, méditerranée et j'en passe, c'est poussée par une sorte d'instinct pédagogique que j'ai enfilé masque et tuba pour la séance de Océans brillamment animée par Jacques Perrin et son équipe de charmeurs d'écailles.

Si le documentaire n'est pas ma tasse d'eau (elle était facile, celle-là, rhhhôôôô, je sais), la beauté des images et les comportements de chacune de ces créatures qui vivent le simple film de leur vie l'a emporté sur la logique impitoyable de mes habitudes terrestres. Au fil de l'eau et du film rythmé par de rares commentaires et par la musique omniprésente qui me guide entre les rochers et les algues, je sors de ma coquille et m'émerveille devant un ballet de phoques joueurs ou dormeurs, les tentacules longs et articulés des pieuvres, les pinces des crabes facétieux et les fantomatiques méduses.

Un spectacle aux premières loges, privilégié, unique, où la nature suit son cours pour le pire comme pour le meilleur, mais toujours sans gratuité dans ce qui est finalement la loi de la chaîne alimentaire, ni plus, ni moins. Il faut attendre l'irruption de l'homme sous l'eau et sur l'eau pour que la méchanceté nous frappe en pleine face arrachant masque et tuba et nous laissant chuter dans ce grand bleu strié de sang, sans oxygène, pour le pire uniquement.

A méditer lors de ma prochaine séance de snorkeling.

Friday, March 19, 2010

I am reading...

The book was left to its own devices for 4 long days... Alone in a plastic back, at the foot of a big book case full of brochures, post-its (with no breakup messages on them, luckily), folders and course contents. Not the best company ever if you think that its pages are all about delicacies and life events that are unveiled to the readers every Monday evening, during Lillian's cooking classes.

The book is so positive that in the middle of an office I am sure it managed to let some of its soothing messages and life stories seep through and permeate the place: the fish in the tank seemed grateful this morning when I walked in, as if they had been reading through the book's every page and had learnt that food needs to be appreciated for more than just what it is. Home grown veggies are just more than veggies: they are the result of a patient commitment and a labor of love... Mixed with other simple ingredients sprouting from the earth, here they are on our wooden table to bring nutrients but also - and as always - an opportunity to admire colors, smells and flavors while sharing a peaceful moment around a bowl of crispy salad.

The School of Essential Ingredients (by Erica Bauermeister) is about the basic ingredients in life, simply presented through the pleasures of food. Don't get me wrong though: there is much more than just an Epicurean message in its pages and down-to-earth style. Sometimes I think the tales are written too simply...but as I read on (and as the colored fish in the tank read on, they told me) I let my doubts go and just seem to get lost in the meanders of each character's adventures, with disappointments, happiness, concerns... So it may look and sound simple, but it works after all! The main character, the owner of the restaurant and head of the cooking class is a very self-assured woman that seems to read through people's needs and provide comfort with every cooking class. Now I wonder: do cooking classes work this way? Probably not, unless you find a person that knows how to read through people and think beyond practicalities.

With this type of wishful thinking in mind, for 4 days I cursed myself for having left the book at the office. How could I? And for 4 days I longed to know the next story, to salivate to the details of the next recipe and to meet with a new participant in the cooking class.

Now the little fish are certainly most unhappy: they will never know the end of the story.

Credits: TheDaydreamer

Tuesday, March 16, 2010

The invisible thread

Mauritius offered some of the best landscapes for happy moments of picture time: lush green areas, changing blue hues of the sea, light blue skies, orangy suns... And a visit to colored earth, this patch of ground of 7 colors - or so they say. All hues come from the earth and are intimately linked to it, like blood vessels that bring life in this curious patch of land. The colors are comforting ones that make you want to stand on your two feet and scream how exciting it is to see such natural wonders.

On the other side of the planet, a new series of earthy and warm colors reminded me of the sunny seaside vacation... An invisible thread linked the far away island of Mauritius to the queen of the water cities, Venice, (I am biased, I'll give you that and a lot more, but such is my conviction!) where the walls of old houses have been painted and preserved in their Sienna brown, dark orange, deep green, rich pink that are all reflected in many new forms in the canals. The result is a color palette that warms your heart, no matter how cold December can be - despite the softening influence of the nearby sea. The quiet streets are kept alive by the chromatic pigments that compliment the green tree tops and occasional plant growing peacefully in a traditionally chiseled pot.

I wonder where the invisible thread will lead my mind next... the trip is just never ending!

Credits: TheDaydreamer

Thursday, March 11, 2010

Le tandem

Le label bio est vert et le vert est souvent bio. Sans le vouloir, je suis rentrée de plain pied dans cette implacable logique lors de l'une de mes divagations parisiennes avec soleil et vent polaire en prime, pour me remercier de ma ténacité à vouloir redécouvrir Paris coûte que coûte, appareil photo en bandoulière et baskets aux pieds.

Bref, l'appel du vert se fait entendre et c'est en réalité en toute spontanéité que le marché biologique de Bd Raspail et le marché aux fleurs de l'île de la Cité ont formé un joli tandem inspirateur. Outre le nom commun ("marché"), ces deux mondes partagent la chlorophylle débordante et leur petite taille qui en fait de parfaites pilules à avaler l'une après l'autre en buvant un thé vert - forcément, si ce n'est pas vert, on en veut pas. Tous deux se retrouvent donc propulsés au royaume des havres de paix enchâssés dans le béton ; ils appartiennent à ces paradis fragiles où produits biologiques et plantes se vendent dans un calme qui vous ressource de la racine jusqu'à la cime.


S'il répond à une mode bobo du moment, le marché biologique a aussi le mérite d'être très riche et de vous faire découvrir des produits frais par région ou par pays : pintades, pecorino, pain aux noix, tchai, œufs fermiers... Tout le monde a son petit bout de bio à nous proposer et franchement, c'est alléchant et stimulant. Evidemment, tout cela a un prix qui peut rendre l'aventure un tantinet plus amère, à moins que vous n'arriviez à tout admirer sans mordre à pleine dents tout ce qui vous passe sous la main.


Le marché aux fleurs tient à la fois du jardin improvisé et loufoque et du jardin pour puristes : entre un bric-à-brac de nains de jardins (saluons celui d'Amélie, désormais célèbre et donc abonné au marché biologique, voir plus haut), pots en métal coloré, statuettes de chiens et chats, guirlandes en plastique ou en porcelaine, les plantes se pavanent, du plus petit cactus à la noble orchidée en passant par le chef suprême, l'olivier. Tout y est, même le sourire et les blagues gentilles de commerçants qui se frottent les mains dans le vain espoir de les réchauffer. D'ailleurs, les touristes aussi sont là et s'attardent au pied d'un petit mandarinier... Une île de découverte au bord de l'eau où la verdure a trouvé son pré carré.

Curiosités

La curiosité... Qualité ou défaut ? Ça se discute, même âprement selon le plateau télé qui vous accueille et comme dirait l'autre, mais j'ai une tendance toute amicale à croire que c'est plutôt une qualité tant qu'elle reste dans les limites de la politesse. La curiosité a fait des petits : sa forme plurielle a donné vie aux cabinets de curiosités, meubles rassemblant ces petites choses étranges glanées au fil d'aventures à l'autre bout du monde et riches de parfums d'exotisme envoûtant. Curiosités enrobées de mystère qui ont la faveur des rêveurs...

Ces petites merveilles inutiles et pourtant fascinantes semblent être revenues au goût du jour après un sommeil bien mérité qui les a vues tomber en désuétude une fois les fastes du XVIe au XVIIIe siècle passés. Pour les nostalgiques, un détour par les puces de St Ouen sera des plus bénéfiques : il s'y cache une maisonnette entre plantes rampantes et pierres patinées par le temps, La Petite Maison de Stéphane Olivier. Cet antre recèle quelques meubles et plusieurs globes qui se concertent pour le grand bonheur du style et du promeneur méritant.


C'est là que s'est faite la rencontre avec les globes marins : sous cloches, des coquillages de toutes formes et couleurs forment un ensemble suspendu dans l'espace et le temps et nous chuchotent le bruit des vagues, les histoire des sirènes. Les yeux écarquillés tentent de percer les mystères des argonautes, nautiles, os de seiches, squelettes d'oursins et autres personnages figés en un tableau nostalgique et poétique, à mi-chemin entre l'observation scientifique et la simple décoration. La frontière entre les deux est toute fine et c'est là que réside la part de rêve... L'admirateur ne pourra jamais percer les secrets scientifiques simplement en admirant, mais il en aura l'illusion au moins !


Les merveilles des abîmes qui m'avaient fascinée lors de cette première visite et découverte ont atterri comme par magie (petit mari, encore lui !) sur la cheminée du salon : ces globes fragiles et fantastiques font à présent l'objet de ma rêverie quotidienne... J'ai de la poussière marine dans les yeux...

Photos: TheDaydreamer

Tuesday, March 2, 2010

Someone else's holiday

It is no easy thing to speak about someone else's holiday... So much so that I just cannot do it. Usually, I take in everything when I am around, especially on holiday, with free mind and spirit, open eyes and all ears. But this time, I was not there, could not smell, see, touch, think under the influence of the surrounding people, sounds and views.

Why post then? Because I think the pictures are beautiful and inspiring and that they may help us through the last mile of winter. Because even though we did not live the moment, we may try and daydream about our future holiday plans, the ones already passed and maybe forgotten... and - why not - imagine what was being done, said or thought in each and every pictured situation. A good exercise for the imagination.


This is going to be a bit of a self-service daydreaming session, if you like.

Enjoy!


Credits: TheDaydreamer's hubby

Monday, March 1, 2010

Photo de la semaine (Corée, encore)

Pour une surprise, c'est une surprise : en feuilletant les pages Internet, votre serviteur tombe ENCORE sur des fraîches nouvelles coréennes. Quand je vous disais que par moments tout semble se tenir... Jugez un peu le travail de Vogue Corée (oui, il y a une version coréenne de Vogue, je découvre la lune) et du photographe :


Ce qui me fascine ? Les poses, figées et statuaires, tout droit sorties d'un tableau et d'un autre temps. Les tissus superposés pour un effet poupée garanti, sublimé par des couleurs sobres et complémentaires (rose pâle, vert pâle) et des tissus riches à la fois opaques et satinés - une belle complémentarité. La lumière, douce et peu envahissante permet à l'œil de ne pas se disperser et de s'arrêter sans entraves sur les profils nets, les courbes textiles souples et les objets et accessoires.

Pour découvrir encore plus de portraits et de merveilles tout droit arrivés de la tradition vestimentaire coréenne, rendez-vous ici.

Bon voyage !

Photos : Kim Kyung Soon