Thursday, December 24, 2009

I am reading...

Christmas brings us back to childhood memories - or at least it should, according to common belief - so I find it only mildly surprising that I should have picked up a children's book to read at my parents' place during the holiday season. The author, Frances Burnett, and her book, The Secret Garden, would be well-known to English natives, but to anyone having received a different education, both names sound new and like a welcoming invitation to explore new grounds. Like most children's books, this one brings teachings for adults, as long as we take the extra step to look for clues that will undoubtedly enlighten our path. Don't we all wish to have a personal, intimate space where our feelings, memories and experiences could run free? A place where we could learn more about ourselves and the others - a place to grow? Little Mary is the main character who, thanks to a new outdoor life and to the discovery of nature's ways will be faced with unexpected developments and will start blooming, showing new colors and sprouting bravely through the barren grounds of a cruel childhood. I find it quite interesting that when it first came out, the book was shunned by critics and readers alike: at the time (1909), running free and poking one's nose into the mysteries of nature were definitely not the proper educational standards of the British society. Additionally, it is also noteworthy that a book that underlines nature's role in our lives and pays tribute to its beauty through almost every page should be printed in 100% recycled paper (Penguing Classics).

All in all, this is a contemporary book!

A moment in time

There comes a time when wishes are more than appropriate, they are in fact welcome. So from me to you,

MERRY CHRISTMAS!


May you spend it with your family, friends and loved ones wherever you are and enjoy together daydreaming spells to remember and cherish.
The Daydreamer

Wednesday, December 23, 2009

Les braseros

Arrivée à Laren, ce sont les poules, oies et canards agglutinés autour de l'étang du village qui m'ont accueillie : ils nous livrent un spectacle bruyant fort amical auquel j'ai immédiatement la ferme intention d'assister en dépit du froid mordant. C'est là que je remarque de petites tentes pointues et blanches et de souples volutes de fumée montant paisiblement vers le ciel d'un bleu franc...et cette odeur si caractéristique de bois brûlé et de sève. Tous les ingrédients pour garantir la réussite sensorielle du premier marché de Noël de cette saison que je chéris tant !

Les artisans de tous bords y présentent leurs créations : délicates céramiques, bijoux en filigrane, fines broderies et sculptures sur bois offrant un choix varié de cadeaux faits main, presque d'un autre temps.

Le trait d'union entre ces différents univers créatifs, ce sont les braseros plantés ici et là : les braises y palpitent et enveloppent les passants de leur douce chaleur ponctuée par les chants de Noël (merci Franck et Bing), tandis que les petits courageux s'ébattent sur la patinoire, presque indifférents à la magie du moment. Noël est là, c'est sûr !

Photos : TheDaydreamer (via iPhone)

Tuesday, December 22, 2009

Le dernier vol

Aller au cinéma pour voir un film est toujours une fête, un moment de
détente et de réflexion, l'union parfaite de l'oisiveté et du cérébral. La déception est logiquement à la mesure des attentes et c'est exactement l'expérience vécue dernièrement avec Le Dernier Vol. Les critiques entendues d'une oreille avide à la radio étaient pourtant élogieuses. La première leçon aura donc été de prendre mes distances à l'avenir avec les médias et de suivre tout simplement mon instinct afin de me forger un avis indépendant - c'est ce que j'ai toujours prêché pourtant. La deuxième leçon et sanction ne s'est pas faite attendre : dès les premières répliques de Guillaume Canet, l'ennui perce l'écran - le même sans doute qui a assailli l'acteur qui semble se traîner de facon désabusée d'une scène à l'autre, la lèvre inférieure pendante et le regard vide tel un signe précoce de sénilité. Un signe surprenant car à mes yeux, la passion pour un peuple et leur terre est une forte motivation et source d'un enthousiasme qui peut etre dévorant et contagieux, un moteur essentiel de l'Histoire... Le rythme est tout aussi ennuyeux et les longs premiers plans sur les grands et beaux yeux de notre Marion nationale n'y changeront rien et n'arrivent en aucun cas à pallier le désert des dialogues et les lacunes et limites des beaux sentiments.

Fait cocasse, petit mari et moi avons tous deux succombé au charme et aux hurlements rauques des chameaux qui peuplent le film - bravo à eux (oui, oui, je tiens a le souligner) pour quelques moments de tendresse et d'ironie, d'autant que la fin du film montre que finalement, leur rôle est central dans cette histoire d'une grande platitude.

The plan

The approaching new year brings forth thoughts of new resolutions (did I actually ever implement last year's?), projects and plans of all kinds. As things stand though, our new plan started secretely months ago...and is still in progress, advancing cautiously, piece by piece despite unhidden frustration and the strong motivation and willingness to move forward - not to mention fast forward. In a way, the fact that I am actually writing about it here proves already that I should feel more confident about it since I feel ready to share.

So, what's the plan, you may ask.
The ambitious and time-consuming plan is to move to Paris. Here, I have written the words and launched the idea into virtual space! It is my wish to make this new experience a fruitful source of new daydreaming moments to share on the blog soon, so get ready to jump on the French wagon!
Credits: flickr

Friday, December 18, 2009

La boucle

A peine sortie des obligations professionnelles qui me tenaient enchaînée à l'écran de l'ordinateur à longueur de journée, me voilà forcée au silence. Forcément, Internet n'est pas là. Parti. Absent. Du même coup, je la boucle, comme vous aurez sans doute remarqué vu que je brille actuellement par ma virtualité totale. Passer du tout Internet au zéro Internet a des conséquences insoupçonnées et à la limite même dévastatrices (ou salutaire, simple question de point de vue). Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive et donc que je constate ces effets sournois, mais je ne peux m'empêcher de succomber à chaque fois à l'attrait de ce trou noir et, avouons-le, à la peur pure et simple de la déconnexion m'obligeant à prendre le temps et la mesure de ma dépendance de la toile. Dans la foulée, je ne boude tout de même pas mon plaisir, ce serait dommage : je me dis qu'il y a là une chance à saisir pour laisser un peu de place à la rêverie et à l'enchantement du stylo plume qui glisse sur le papier tandis que d'une main distraite je cherche la tasse de thé fumant juste à côté. Une sorte de cure de désintoxication qui m'ouvre les yeux et éveille aux détails.

Bien consciente de cette chance inattendue, je me dis aussi que pour vous faire part de mes élucubrations diverses et variées, encore faut-il avoir Internet sous la main, non ?

La boucle est bouclée.

Tuesday, December 8, 2009

Photo de la semaine

Une photo de mode pour cette rubrique qui se veut rare ! En même temps, la rareté c'est ce qui rendra ce type de billet précieux (à conserver sous clé peut-être). Et cette photo a d'autant plus de valeur qu'elle va à contre-courant de ce que je croyais être le mécanisme d'identification de base.

Une explication s'impose : selon l'adage, l'une des raisons qui font qu'un lecteur aime tel ou tel ouvrage à ne pas en dormir la nuit et à s'endormir debout le jour, c'est l'identification. Le lecteur s'identifie au personnage principal et le tour est joué, il est définitivement accro et se voit déjà en train de sauter de toit en toit, de chevaucher de fougueux destriers et de parcourir la France à la poursuite de son roi (j'écris sous influence).

Si seulement c'était si simple. Je me dis en effet que les photos de mode devraient pouvoir fonctionner avec ces mêmes ressorts... On se voit déjà en train de déambuler le long des Champs-Elysées avec ce long manteau en tigre vert du Groenland, c'est nous tout craché. Sauf que la photo ci-dessus m'a fait l'effet inverse : je ne me vois pas une seconde accoutrée de la sorte, portant nonchalamment des pièces déstructurées aux matières contrastées. Sur moi, ça ferait tout simplement tas informe et désordre ridicule (l'estime de soi est au chaud, au placard). En revanche, l'image me plaît et la tenue va à ravir au sujet (rien d'étonnant à cela : les mannequins c'est fait pour ça. Quoi que.) Il se trouve que la palette de couleurs naturelles et sobres atténue l'extravagance bohème toute calculée des habits. Justement, la cacophonie des longueurs et des matières, hautement improbable en ce bas monde et à l'inefficacité tout annoncée, leur permet du même coup de se mettre mutuellement en valeur, sans accumulation inutile. Chaque pièce est essentielle, indépendante et apporte son petit caractère à l'ensemble pour un résultat espiègle qui fait rêver. Et la mode, c'est précieux, rien que pour ça.

Monday, December 7, 2009

La petite sirène


Patiemment juchée sur son rocher, la petite sirène regarde passer les vaguelettes et les grands de ce monde qu'elle a invités chez elle, dans cette belle ville de Copenhague, entre ciel et mer. Les célébrités ont réagi inégalement à l'invitation : "je viens à l'inauguration, et puis non, je viens à la clôture"... Vive les indécis et les messages subliminaux.

Difficile dans cette cacophonie d'y voir clair et de suivre les événements - étant acquis que les dessous de table ne nous serons jamais révélés, sauf peut-être le jour du jugement dernier. Rendez-vous est pris au paradis.

Si vous n'avez pas envie d'attendre jusque-là et l'insomnie vous guette, un petit tour sur le site de Rue89 vous tiendra brillamment en éveil. A compléter par une séance d'écoute intelligente grâce à France Inter. Effet stéréo garanti.

Bonne lecture et bonne écoute !

Sunday, December 6, 2009

Perle de sagesse

Sous les mains expertes de la masseuse, les muscles se relâchent, prêts à laisser passer les fluides et à s'oxygéner à pleins poumons. Au même moment, la respiration ralentit et le cerveau suit avec sérénité son exemple pour laisser filer sans sourciller soucis et questions plus ou moins existentielles (surtout administratives en ce moment). Le dialogue est rare car il faut de la concentration pour se faire masser et pour masser ; c'est un travail pétri de patience et d'écoute du corps et, si vous avez de la chance, de l'âme.

Les phrases prononcées sont d'autant plus précieuses, surtout celles distillées avec le bon sens et la sagesse nés d'une longue expérience auprès des clients/patients ; la masseuse doit être écoutée, presque religieusement, dans ce nuage d'huile à la lavande (le mal de tête ? Passé !).

Et l'enseignement du jour est chuchoté dans sa grande simplicité : lorsque les changements s'accumulent à un rythme plus ou moins effréné dans notre vie, lorsque les repères se perdent ou changent un tant soit peu, lorsque de nouvelles énergies et forces motrices sont nécessaires, il faut traiter notre corps et notre esprit comme un malade. Oui, parce que ce précieux tandem mobilise spontanément ses ressources pour nous aider à jouer les funambules, reconstruire notre univers en esquivant les pièges. Du même coup, les forces s'étiolent et il faut ménager la mécanique et son deus ex machina. Il faut commencer par l'alimentation et privilégier les plats simples, faciles à digérer et confortablement proches de la régression : un bouillon de légumes ou de poule, un potage, une salade de fruits, jus et purées...

Et toujours penser à respirer : inspirer, expirer...

Credits: unknown

Thursday, December 3, 2009

The Gallery





Credits: Z (avec un grand, grand merci)

Wednesday, December 2, 2009

Follow her advice

Make up was an all-important step when preparing the ballet gala of the end of the year, and as a young ballet dancer I enjoyed its home ritual just as much as all the rest. No professional make-up artists for us, but my mother's expert hand and colorful little pots and soft brushes that would make me feel like a shining star in a tutu.

This partly explains my passion for make-up in general, a passion I must obviously (and luckily) rain in if I want to live a balanced everyday life; but still, I like to try shades and textures out and I am not afraid, even when it comes to going for the red lipstick. It is all part of an intimate disguise ritual that has the power of soothing the morning or the evening routine, depending on the occasions.
Bobby Brown's Makeup Manual is a basic guide to step-by-step make-up: it is very functional and efficient both in the text and in its layout, but at the same time it fuels a distant and impossible dream. Let's face it: who can put make-up on in the morning in 10 steps? I mean, 10. Besides, I am afraid that the layered tons of creams, concelears and brightners that should be the basis of all colorful attempts may only end up in making anyone look like a spooky ghost covered with thick hide.

Do not get me wrong: the manual is still entertaining, mainly thanks to its lively pictures and to the final chapters on advice for aspiring professionals who may end up working in the TV or movie industry, for example. I have to admit that when thinking about mascaras and false lashes one does not necessarily think of their use in the professional world.


Now, if you will excuse me, I need to powder my nose...

Photos : TheDaydreamer (with iPhone)

Tuesday, December 1, 2009

Burn after reading

Your mom told you: it is bad, bad, bad to pry into people's lives or peer over your neighbor's shoulders to try and read his SMS. The thing his, you may learn things you are not supposed to know, dangerous, confidential information that could have disastrous consequences for you and your family or your friends...

It seems that some of the characters of this comedy did not listen to their mom or they listened but dismissed the warning putting personal interest above common sense - I mean, having a tuck can be blinding and lead you to turn your back on family advice. Beware as this is the basic recipe to becoming a blackmailer on the cynical geopolitical arena! And this is how John Doe finds himself involved in secret service plots and risks his routine laden life. The movie is dark and efficient as it will make you laugh at the unlaughable and will show you how anyone with no brains can get into trouble or can get others into trouble for the wrong reasons. If we stretch it a bit, you could argue that only too often wrong reasons are the motives for large-scale political decisions...or wars - do you get the drift? The thought makes my laugh vanish all of a sudden...

Are we sure this is a comedy?

One thing leaves no doubt: this is a Coen brother movie (hint, hint) and the actors and dialogues are phenomenal. Brad Pitt - not my Hollywood cup of tea - shows that he IS good, also as a comic actor and despite a somewhat minor (and short lived) role.

Now, stop trying to read your neighbor's mail...you may regret it.

Wednesday, November 25, 2009

The Girls

They come from different paths of life, The Girls, but luckily ended up in the same office where we spend 90% of our life, together, for better or for worse. They come from different countries, even though they mainly cover the Mediterranean area of the world: Spain, Italy, Portugal and all their clichés... The Southern origins could well be the leading and loving thread in our relationship though, no need to hide this cliché either.

The Girls are all so different: tall, shy, forthgoing, self-assured, clumsy... A variety of features and characters that makes it all worth it: adventures, points of view, dilemmas, ideas, recipes, books - all topics are welcome at our greedy and loud table while we eat at all speed (30 minutes, no time to waste in social and subversive activities while at the office). Words are then enthusiastically spoken in all our languages and by some magic transborder alchemy, we all understand each other - the tower of Babel at its best.

Since 30 minutes is never enough for us, not to mention the stolen moments of friendship and complicity here and there during the hectic work day, we spontaneously set the tradition of meeting all together every month or so to enjoy the freedom of our opinions, to share our richness and feast around each other's passions (or a home made Sunday paella, shimmering in true mamma mode).

The result is a colorful quilt: every little square brings its precious story and adds value to the big picture. That's The Girls. My Girls.

Credits: Unknown

Tuesday, November 24, 2009

La définition du Bob

Le Bob, c'est un ami d'enfance pas si enfantine que ça finalement ; les compagnons de route des années d'étude se reconnaîtront immédiatement et identifieront sans peine notre ami lettré commun. Pour définir l'amitié, j'ai voulu passer la parole à un ami donc et à une référence qui symbolise à la perfection les fondements même de cette amitié, le liant qui nous a unis, ce par quoi tout a commencé sur les bancs d'école.

Amitié : n. f. Sentiment réciproque d'affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur les liens du sang, ni sur l'attrait sexuel.

Voilà, ce n'est pas compliqué. En même temps je ne peux m'empêcher de penser que c'est bien loin du compte, comme un petit goût d'insatisfaction dans la bouche. Car l'amitié est aussi patience, compréhension, spontanéité. Elle ne pousse pas toute seule dans un coin non plus : elle s'entretient, demande des efforts (et c'est très bien ainsi) et apporte joie et réconfort tant dans les moments heureux et insouciants que dans les misères et les souffrances. Le lieu commun veut que les vrais amis se jugent surtout à l'aune de leur présence (ou absence) lorsque les nuages s'amoncellent et semblent s'acharner sur votre tête à l'image du "copronuage" cher à mon cœur. Ce lieu commun que l'on voudrait expédier d'un geste de la main car peu commode et révélateur de bien des incompréhensions, figurez-vous qu'il me parle car il apporte une couche supplémentaire et fort nécessaire à la définition académique du terme.

Ces derniers temps, face aux épreuves et changements de notre vie, l'amitié s'est renforcée, a montré le bout de son nez de sa propre initiative et nous a aidés avec cette générosité et cet empressement qui m'émeuvent. Alors voilà, ce petit billet est pour vous, les amis, ces êtres chers finalement indéfinissables à qui je dis MERCI.

Photo : Le Robert


Monday, November 23, 2009

A night at the museum


Avant Noël, ça fleure bon la régression à tout-va et c’est tant mieux : il y a de ces films qui me transportent immédiatement et sans ambiguïté au fin fond de l'enfance couleur de miel et saveur cannelle. C’est avec un plaisir enfantin non dissimulé que je saute à pieds joints dans ces aventures qui vous emmenent au cœur d’un musée qui, sous l’effet d’une malédiction égyptienne s’anime la nuit, pour le meilleur et pour le rire. Ses statues de cire, personnages miniature et le tyrannausaure du coin (qui se tranforme pour l’occasion en un gentil toutou remuant du popotin) bougent et interagissent avec plus ou moins de bonheur jusqu’à nous livrer la morale finale : l’union fait la force ! (Un film américain sans morale de fin, ce n'est plus un film américain.) Tous ensemble, nous pouvons vaincre les méchants et le mal. L’Histoire ne le dit pas, mais je crois bien que G.W. Bush était aussi un grand amateur de contes pour enfants.

Revenons à notre petite histoire et à son univers magique et aventureux qui invite à une soiree de detente sans arrière pensées et loin de toute préoccupation d’adulte. Un moment de divertissement et de bonheur à déguster en toute simplicite, une chupa-chups au coca-cola à la main !

Saturday, November 21, 2009

L'absurdité de l'ignorance

Par M., Londres

La curiosité amène très souvent à approfondir ses connaissances ou encore à découvrir ; cependant, certains sujets restent pour de nombreuses personnes ignorés car ils peuvent effrayer ou sont tout simplement considérés comme inabordables. Il faut avouer que la mort et la maladie incitent rarement à être curieux et que nous préférons tous oublier que cela n'arrive pas qu'aux autres.

Seulement voilà, cette forme d'ignorance compréhensible entraînent des situations cocasses par leur maladresse aux conséquences parfois lourdes. L'auteur en est visiblement inconscient, ou tout du moins nous l'espérons, et la victime tente de l'excuser par politesse en pensant que l'acte est bien irréfléchi. Ainsi, me suis-je retrouvée à table avec un couple d'amis récents et au fil de la conversation, nous avons décrit les étapes importantes de notre vie. Parmi ces étapes, il en est une pour moi très difficile qui est celle du décès de mon père il y a 12 ans. La jeune femme en question me demande alors en toute simplicité et avec un naturel vous laissant sans voix : "Tu penses toujours à lui alors qu'il est décédé il y a 12 ans ?" Outre sa remarquable finesse et sa vivacité d'esprit, je suis restée sidérée par l'absurdité d'une telle question. Peut-on véritablement oublier son père et même au-delà, toute personne proche de nous avec laquelle nous avons partagé une large partie de notre vie ? Est-il possible d'imaginer qu'une personne puisse être gommée et son existence effacée car elle n'est plus physiquement présente ? La mort fait-elle si peur qu'il vaudrait alors mieux rayer la vie de nos défunts ? Fort heureusement non car nous les portons en nous tant que nous vivons ; je dirai même que leur mort nous fait au moins prendre conscience de notre vie et pour leur rendre hommage, nous devons savoir vivre pleinement.

Vous pensez certainement que je n'ai pas eu de chance au cours de ce dîner et qu'il ne faut pas faire d'une exception une généralité. Malheureusement, ce type de situations se renouvellent beaucoup trop souvent à mon goût depuis que j'ai atteint un nombre d'années apparemment estimées comme butoirs "pour passer à autre chose", comme si je devais passer à la lecture d'un nouveau livre et mettre les anciens dans un grenier poussiéreux puisqu'ils ne font plus partie des bestsellers du moment. Pratique mais pas réaliste car ce type de sujets reste à l'affiche de toute votre vie. Traversant une période de chance soudaine, une de mes connaissances m'a récemment demandé sur un ton anodin : "Tu as décidé de ne pas faire ton deuil alors ?" tout en prenant la précaution de précéder sa question d'une phrase qui vous laisse présager le meilleur, "Je ne porte pas de jugements mais..." J'adore ! Oui, c'est vrai, je ne fais pas d'efforts tout de même. Ne serait-il pas plus accomodant de me lever un matin et de me dire : "Tiens, papa, mais qui c'était au juste ? Ah oui, j'ai fait mon deuil, je ne sais plus, je suis passée à autre chose." Pourquoi n'est-il pas acceptable pour certains de comprendre qu'il est possible d'avancer dans sa vie tout en gardant dans son coeur et dans sa tête nos êtres chers et, oui, inoubliables ? Souhaiteriez-vous êtres supprimés par les gens que vous aimez, n'avoir rien apporté à vos proches qu'ils ne puissent conserver avec eux toute leur vie ? Puis-je même ajouter que certaines souffrances laissent des traces indélébiles et que l'accepter, c'est aussi avancer.

Alors, je le dis fort et haut, je n'ai pas fait mon deuil et pourtant, je me porte bien et suis heureuse dans ma vie grâce aussi à ce que mon père m'a apporté, inculqué et la part de lui que je porte en moi. Aujourd'hui, je sais vivre car j'ai conscience de la mort et de la brutalité de certains événements. J'espère que ce petit billet vous permettra de faire attention au poids des mots que vous utilisez sur des sujets que vous avez encore la chance d'ignorer mais surtout que
vous prendrez soin dès maintenant, dès la fin de la lecture de ces derniers mots, de profiter des petites joies simples de votre vie. N'attendez pas et réjouissez-vous ! Nous allons effectivement mourir, nous ignorons le quand et le comment mais nous savons pourquoi il est indispensable de jouir pleinement des instants présents.

Photo :
Georges de la Tour (1542-1519)
La Madeleine pénitente
Huile sur toile - 128 x 94 com
Paris, Musée du Louvre

Thursday, November 19, 2009

World without end


A big fan of medieval times, I have fallen head over heals for the latest Ken Follett that made it to my bedside table where it has a special spot in the sun and dust (and it will have one for a long time, given the number of pages). Having read with sheer pleasure and excitement the famous Pillars of the Earth, I jumped at the first opportunity I had to lay my hands on the “sequel”. To be honest, I cannot remember much of the Pillars, but the geographical names are another story and Kingsbridge with its all-powerful priory and nunnery is now a more familiar place, as it were. Given all the cruel plots that are being hatched within its walls though, I am not sure it would be a welcoming place, not to mention that as a woman I would rather live in more modern and tolerant times (well, the notion of tolerance and modernity may actually vary horrendously from one country to another and do not necessarily work wonders together, hum...).

But let’s not digress and take things from the start: the book opens on suspense and a breathtaking adventure so it is captivating from page 1 and delays no further the reader’s pleasure en expectations. The details about rough life in the 14th century are numerous and fascinating – I have a soft spot for all the descriptions of food and beverages (cider for the poors, ale for the rich…) of the time. They play a brilliant role in setting the backdrop of the story and become a character of their own. Injustice seems to rule more than ever and women from the lower classes are treated as sub-human beings with no rights whatsoever, while children can also be sold for an emaciated cow. Trials for witchcraft are popular distractions (women under fire, again) that keep the crowds under check and provide entertainment for free, while religion mingles dangerously with superstition and ignorance, a terrifying means!

Needless to say, I am enjoying every intricate page and know that I will relish every opportunity to cuddle up in a warm corner and travel back in time where Kingsbridge awaits me.

Wednesday, November 18, 2009

A day at the museum

Some time ago I had already planned on spending one whole day at the museum in The Netherlands... (I am keeping the destination secret since I am still planning to go, a little suspense won’t hurt, right?) Well, I did get to spend one full day at the museum, but not exactly in the country I had expected and not exactly for the reasons I had expected. What do you know... To try and recover from the deeply sad event of the beginning of our week (see previous post), hubby and I decided to spend one day at the king of all museums, I have named the Louvre.
Last time I visited it, it was 9 years ago and I had kept fond memories of it despite the extensive renovation work ongoing at the time.


I now had the opportunity of admiring the results: clean walls, optimized lighting, clear presentation of the art works and masterpieces and fluid itineraries for the visitors. Overall, a success story and a very long day spent wandering very slowly in the magic spaces of the Italian and French paintings (16 and 17th centuries) and of Greek and Roman statues, with a little visit to Canova and his sensual and voluptuous sculptures. As the sun set calmly over centuries of history and the glorious Louvre, I stopped here and there to take a few pictures in the attempt of rendering the fascinating atmosphere that pervaded the museum, in and out.



Even though our hearts still ached from the loss of our dear dog, our mind did find some comfort and solace in the beauties and messages of art and its history and I will be forever grateful for it, to the point that I am now thinking of subscribing to the Amis du Louvre program... Looking ahead for more soothing discoveries in an amazing building!


Credits: TheDaydreamer (with iPhone)

Monday, November 16, 2009

To our faithful and loyal companion, Owen


Owen

October 20, 1997 - November 9, 2009



Picture: TheDaydreamer - November 2009 - Zandvoort beach

Thursday, November 5, 2009

Travaux pratiques


Des cours de travaux pratiques suivis à la faculté, il ne reste plus grand-chose dans ma petite tête de mule, à part un sentiment d’échouage sur une plage déserte et inhospitalière qui n’était pas la mienne – à peu près la même sensation qu’en cours de mathématiques au lycée, si vous voyez ce que je veux dire. Pas joli joli tout ça.

En revanche, les travaux pratiques de ces derniers jours sont d’un tout autre ordre et appartiennent au royaume féerique des surprises (j’adooooore le surprises), celles qui vous attendent silencieusement le soir, à la lumière douce et sautillante des bougies. Les dog-sitters chargés de tenir compagnie à mon chien (oui, vous avez bien lu : les dog-sitters) font partie de ces personnes passionnées par la nature, par ses plus majestueuses manifestations comme par son infinie petitesse et délicatesse ; chargés de livres, dépliants, binocles et autres instruments d’observation et d’apprentissage, ils ont pris leurs quartiers d’hiver chez nous, histoire de garder un œil sur Le Chien chéri.

C’est ainsi que les travaux pratiques ont commencé pour moi aussi, nouvelle mouture : quelle ne fut pas ma surprise en rentrant un soir de trouver la table recouverte de coquillages, feuilles en tout genre, brindilles, noix et champignons – le fruit de leur journée passée en plein air à glaner ce que les bois et la plage à quelques encablures de la maison ont de mieux à nous offrir en cette saison ! Le choc après huit heures bien tassées d’ordinateur fut d’autant plus grand pour moi que les bougies étaient allumées et qu’une tasse de thé chaud m’attendait bien sagement.



D’une anecdote de voyage à l’autre, d’une histoire de coccinelle aux squelettes de seiches, en passant par les espèces d’oiseaux ayant élu domicile dans notre modeste arrière-cour, les heures ont filé, rapides, agréables, la chaleur s’est installée et j’ai enfin appris à apprécier les travaux pratiques.

Je retournerais bien à l’université, moi…



Photos: TheDaydreamer

Wednesday, November 4, 2009

Gomorra

Autant jeter de saines bases tout de suite : je suis italienne. Voilà la question identitaire classée, cela devrait faire plaisir à certains ; cela devrait aussi vous empêcher de croire que les commentaires qui suivent sont ceux d'une chauvine française essuyant ses pieds sur les tristes réalités transalpines.

En revanche, cela pourrait aussi justifier les rares mots doux que je réussirais peut-être à placer dans ce billet, malgré l'invraisemblable cruauté du film Gomorra, de la mafia. Alors certes, le film dépeint la mafia (Camorra) solidement enracinée dans tous les coins et recoins de Naples et alentours, mais cela pourrait tout aussi bien être n'importe quelle mafia, entendue comme une organisation criminelle aux ramifications internationales, planétaires, sidérales (suivez particulièrement l'histoire du petit tailleur talentueux, elle est révélatrice). Elle se penche sur votre berceau dès votre naissance si vous avez la chance d'être mal né dans une de ces zones de non-droit caractérisées par la poussée de barres labyrinthiques ; elle vous promet alors protection et richesse - si vous ne respectez pas ses règles en revanche, c'en est fini pour vous, quel que soit votre âge.

Reine du grand banditisme, elle avance masquée sous couvert de légitimité et remplace ainsi les réseaux officiels, l'Etat, s'imposant comme la seule loi, la seule autorité.

Le danger de la diffusion du film à l'étranger, je l'ai testé pour vous : certains spectateurs n'ayant jamais mis les pieds en Italie m'ont assaillie de questions. Extraits : "Ah, mais je ne savais pas que c'était comme ça en Italie". "Tout le monde dit que c'est beau, l'Italie, mais ce n'est pas vrai !" Je vous fait grâce de la suite. Alors forcément, comme pour tout, sans expérience et connaissance, les étiquettes sont vite collées, les nuances gommées et les stéréotypes ont la vie dure - ironiquement, cela va dans les deux sens !

Détruit le cliché du pays de la dolce vita : l'Italie est intimement façonnée et balafrée par la mafia - et le présent de l'indicatif n'est pas un hasard dans ma phrase. Oui, l'Italie c'est aussi ça et peut-être même pire. Pour s'en rendre compte, ce film est essentiel, sans chichis et d'un réalisme saisissant de cruauté quotidienne. A voir. Absolument.

Tout comme l'Italie. A voir. Absolument.

P.S. Le film est l'adaptation du livre de Roberto Saviano dont la tête a été mise à prix par la mafia.

Monday, November 2, 2009

Tools of the trade

Members of Medieval guilds each had their specialty and the tools to help them carry their specialized tasks. Well, I feel a bit like one of these brothers while I am here trying to take pictures (with still no camera) and have fun with them. Usually, hubby's camera offers a whole range of possibilities, not to mention iPhoto.

These days though, I had to find new ways to play around with pictures taken (quite unsuccessfully) with my phone or with existing pictures. That's when the tools of the trade come in handy.

The first one I would like to tell you about is Tiltshiftmaker. This free service lets you upload your picture and give it the tilt-shift effect you want by selecting a couple of settings. The final result may vary significantly depending on the settings you chose, but also on the type of picture you selected in the first place. I find that eagle-eye pictures of monuments or of people/crowds give a better rendering of the miniature style image - this is where I expect you to spread out your winds and fly away.

More down to earth, and to give you an idea, here is a little "before" and "after" session:

Before:

After:


The other lovely tool I found out about only recently is Rollip: it allows you to give the Polaroid effect to your pictures, chosing from a wide range of effects, styles and even fonts to write messages on the final picture. No need to fly away here... You can see an example below:


If you would like not to write anything at the bottom of the picture, this is also one of the available options; and if you would like the colors to be less faded, no problem either... The tool is easy to use and quite fast too. The advantage of both lies in the fact that you do not need to download and install anything. Definitely a bonus in my book. Have fun!

Sunday, November 1, 2009

Les feuilles mortes

Bien loin des lumières de la ville, c'est en forêt que nos pas nous emmènent, le Chien et moi, alors qu'une pluie de flocons dorés virevolte au-dessus de nos têtes émerveillées. Ils se posent avec un doux crissement qui laisse présager les flocons blancs à venir et recouvrent toutes choses ; ce paysage qui est le nôtre, dont nous connaissons presque chaque pierre et chaque brin d'herbe, n'est plus tout à fait le même...


Sous sa douce couverture ambrée à laquelle chaque nouvelle feuille apporte son lot d'histoires, il apparaît plus mystérieux. Inutile d'y suivre nos pas : à peine avons-nous parcouru quelques mètres que de nouvelles feuilles viennent effacer toute trace de notre passage... Et la magie de l'automne, feuille après feuille, opère, avec la complicité ailée du vent du nord.

Photos : TheDaydreamer (via iPhone)

Friday, October 30, 2009

The Master Eye

When my parents came back from a lovely trip to California years ago, they brought back a beautiful bracelet made of silver and turquoise. The bracelet is one of my favorites and I can still remember very clearly the beautiful wrapping of its case and the Ansel Adams sticker of the gallery they bought it from.

One thing led to another and I checked the name of Ansel Adams on the Internet at the time...and discovered gorgeous and inspiring images from nature, mostly in black and white and gorgeous subtle shades that remained printed in my mind (and on my screensaver, in much more prosaic form).

Black and white is a combination I am in love with in photography: it seems straightforward, honest and forever sublime in the way it describes the countours of objects, people, nature and its own monuments. For this reason, I was a bit skeptical - to say the least - when I read that some Ansel Adams's pictures were now available in color. Sacrilege!


Braving my inner discontent, I checked the pictures and you know what? A good picture is a good picture and nature is a lenient mother. The scenic images remain fascinating and moving. Strangely enough they do seem more futuristic now, like satellite pictures of far away galaxies... Colors have transported Adams's eye into the future, adding a new layer of life to his work. Take a tour... and if you like it, watch out for the book that is coming out.

Le messager des dieux


Dans la Grèce Antique, Hermès était le messager des dieux – un message par-ci, un message par-là, tout en donnant accès à l’au-delà aux trépassés. Que de responsabilités qui ont fait garder à ce personnage ses lettres de noblesse jusqu'à nos jours !

Fidèles à la tradition à haut risque de la sempiternelle compétition entre mortels et dieux, les humains se sont dotés de la maison Hermès, héros des temps modernes qui se devait d’être au moins tout aussi efficace que son homologue divin en termes de communication. Le pari est gagné tant dans le monde du luxe à vous faire rêver debout Hermès ne se présente plus. Et pourtant, loin de se reposer sur ses lauriers, la maison a encore sorti de son chapeau une campagne publicitaire à faire pâlir d’envie tous les dieux de l’Olympe – les mortels, gourous de la communication sous bonne influence, se sont litteralement surpassés.

C’est en feuilletant un exemplaire de Elle (référence indiscutable, vous en conviendrez) que mes yeux se sont posés pour la premiere fois sur cette page aveuglante de blancheur hivernale, réchauffée en une seule touche savamment placée par les tons chauds, proches de la terre nourricière, des célèbres carrés qui formet un abri accueillant et enveloppant, une source de lumière qui nous attire en lieu sûr. Couleurs contrastantes et dramatiques, disposition stratégique des centres d’intérêt et horizon bas attirent immédiatement et efficacement l’œil sur le produit détourné de son usage premier et à la forme finie tout en rondeurs maternelles. L’ensemble est envoûtant car l’imagination et la poésie trouvent dans ces grands espaces de quoi s’ébrouer tels les chevaux d’une troïka digne des pages de Tolstoi.


Depuis, plusieurs tableaux ont fait leur apparition pour venir compléter la collection. Chacun d’entre eux invite au voyage en nous faisant imaginer un nouveau chapitre de cette fable hivernale où nous pouvons galoper à bride abattue aux côtés de loups et rennes dans un univers de glace, neige et forêts lointaines…

Espérons seulement que les dieux soient tout aussi envoûtés que nous par cette alliance efficace au point d’en oublier une quelconque riposte !

Photos : Eric Valy

Tuesday, October 27, 2009

Des pommes, des poires...

Ceux qui franchissent les limites du réel et me rejoignent sur Twitter savent que cette semaine, il n'y a point d'appareil photo pour la rêveuse que je suis. Punie, je suis. Tout du moins, c'est comme ça que je vis cette séparation forcée de l'appareil photo (qui, en passant, n'est pas le mien). Il a traversé la frontière, le bougre, pour aller photographier neveux et nièces à Center Parks. Monde cruel.

Tout ça pour dire que j'aurais tant aimé vous proposer une photo de mon cru, avec lumière naturelle et tout et tout, pour vous présenter la douceur fruitée spontanée que je me suis concoctée ce soir - car il faut bien se consoler dans la vie. Tant pis pour la touche personnelle, mais cela ne m'empêche nullement de vous livrer cette recette de saison ! Vu l'assemblage imprécis de cette mousse aux fruits, l'appeler "recette" tient assurément du péché d'orgueil. Ah, je vais encore être punie pour ça, vous allez voir...

Ce qu'il vous faut, c'est une pomme bien rouge à la mode Blanche Neige et deux poires. L'important, comme toujours mais ici encore plus que toujours, c'est d'avoir des fruits murs, donc sucrés, goûteux et de qualité, tout simplement parce que l'idée consiste à en apprécier la saveur sans ajouter un gramme de sucre. Si les fruits sont bons, le résultat sera bon aussi. Epluchez et coupez chaque fruit, placez les tranches dans une casserole, versez un peu d'eau et saupoudrez de graines de vanille préalablement extraites d'une belle gousse toute brune et odorante. Je ne peux pas vous dire exactement quelle quantité d'eau ajouter, mais surveillez le contenu de la casserole afin qu'il y ait toujours suffisamment de liquide pour que les fruits ne collent ou brûlent pas.

Une fois qu'ils sont bien tendres, versez le tout dans un mixeur et réduisez en mousse. Un petit fil de citron et le tour est joué.

Pour tout vous dire, déguster cette mousse simplissime encore tiède sera l'un des plaisirs suprêmes de mon automne. L'autre, ce sera de lire ce blog qui m'a largement inspirée pour assembler cette recette de saison.

Un service à grande vitesse

by M, London

Vivre à Londres, c'est apprendre à aller de plus en plus vite : foncer dans les couloirs du Tube au mépris des autres passagers pour sauter dans un wagon, réserver des semaines à l'avance dans les lieux réputés pour tenter d'avoir les places restantes au plus vite, courir sur les trottoirs pour échapper à la foule peu regardante et enfin, manger rapidement (oserais-je dire "bouffer") pour ne pas perdre une minute de cette journée qui passe si vite.

Seulement voilà, la Gauloise que je suis imite à merveille dans cet univers à grande vitesse le récalcitrant Obélix, surtout lorsqu'il s'agit de me restaurer. Il est alors hors de question que j'ingurgite des proportions énormes de nourriture pour satisfaire mon estomac sans prendre le plaisir d'en savourer les saveurs. Car, oui, il est possible de déguster différentes saveurs à Londres. Le plus gros défi n'est pas de trouver un bon restaurant mais de lutter contre le service à l'anglaise dans ces bons restaurants.

A peine êtes-vous assis qu'un serveur se dirige vers votre table pour connaître votre choix. Pour y répondre, faut-il avoir eu le temps de consulter la carte. Je me retrouve donc généralement à lui demander de revenir quelques instants plus tard. Peu satisfait de ma réponse et visiblement dans l'incompréhension que je puisse être à table sans déjà avoir ma bouche pleine de nourriture ou de liquide, il me demande alors : "Souhaitez-vous prendre un verre en attendant ?" Pour choisir mon vin, il en va de même, j'ai besoin de connaître leur liste. Lorsque, enfin, vous récompensez le serveur de sa patience en lui précisant vos plats et votre vin, ce dernier ne manque pas de revenir toutes les deux secondes pour savoir si "tout va bien". Alors, oui, tout allait bien jusqu'à la 15e même question où vous commencez à vous lasser. Le silence est un mot inconnu à Londres et bien que le terme "enjoy" soit utilisé à toutes les sauces, ce n'est pas pour autant qu'il vous laisse en profiter calmement. Lorsque votre premier plat vous est servi et que vous tentez de le déguster entrecoupé des "tout va bien ?", faites en sorte de le manger aussi rapidement que votre voisin de table. Cette astuce vous évitera de vous sentir seul devant votre assiette car le serveur anglais a pour mission de débarrasser toute assiette vide au plus vite au mépris du rythme général de la table. Et si, comme moi, vous décidez tout de même de prendre votre temps (My Gosh!), préparez-vous à prononcer de manière répétée : "Non, je n'ai pas fini, merci." L'astuce française des couverts positionnés de telle manière qu'ils indiquent la fin de votre plat ne marche pas ici. Seuls les mots comptent, pas les gestes. En revanche, l'attente entre les plats est rare puisque le but est de rentabiliser au maximum chaque table, donc de servir vite. Si vous souhaitez faire une pause pour mieux apprécier le plat suivant, oubliez! Vous apprendrez à ruser et ne rien commander tant que vous ne souhaitez pas le manger de suite.

Les critères ne sont pas les mêmes à Londres qu'à Paris et le plaisir de se retrouver autour d'une table est un bien-être incompris par nos amis anglais. D'ailleurs, lors d'un de mes premiers déjeuners avec une Britannique, celle-ci m'a indiqué à la fin du repas que la prochaine fois, elle souhaiterait que cela dure moins longtemps, peu habituée à passer autant de temps à table. A bien y réfléchir, je suis en train de me demander si nous avons renouvelé l'expérience depuis... Lui ai- je fait peur ? Ah, qu'il est amusant de se frotter aux coutumes de chacun !

Savourez-bien ce billet, si vous avez le temps...


Photo: Unknown